Le calibrage/étalonnage de l'écran : quelle sonde choisir ? Comment faire ?
- Quentin
- 18 juil.
- 10 min de lecture
Si vous pratiquez un tant soit peu le post-traitement, vous êtes sans doute attaché aux contrastes et aux couleurs de vos images. Vous les avez peaufinés avec soin pour obtenir exactement le rendu souhaité, dans une vraie démarche photographique.
Mais voilà : il peut arriver que vos couleurs ne s’affichent pas comme prévu après export, ou en affichant les images sur votre téléphone par exemple… sur d’autres écrans, ou pire, à l’impression. Frustrant, n’est-ce pas ? Je suis passé par là 😉.
Voyons ensemble comment éviter ce genre de mauvaise surprise.
Le calibrage de l'écran consiste à mesurer et corriger l’écart entre les couleurs réellement affichées et celles qui devraient l’être (selon des normes sRVG bien précises). Une fois l’écran calibré, les couleurs et la luminosité que vous voyez sont fidèles à la réalité, ce qui est essentiel pour un post-traitement cohérent… Et pour des tirages réussis.
Si j’en parle ici, ce n’est pas par hasard : je reçois régulièrement des messages sur les réseaux sociaux de personnes qui rencontrent ce problème. Dans la grande majorité des cas, le souci vient simplement d’un écran mal calibré.
La mauvaise nouvelle : c’est un problème très courant.
La bonne : il se règle facilement, avec les bons outils et les bons gestes !
Le calibrage de l'écran : Quelques précisions avant de commencer
Il se peut (cas bien plus rare) que l'étalonnage de l'écran ne serve à rien. Si votre écran est très vieux ou a énormément de temps d'utilisation ; sa dalle n'est pas terrible ; et est une dalle TN, VA… Ou alors si tout va bien sur votre ordinateur et qu'une fois la photo sur votre smartphone, les couleurs ne se ressemble pas. Là, l'étalonnage de votre moniteur peut ne pas être la cause de ces couleurs nulles.
On va prendre mon cas, très concret. J'ai le dernier iPhone en date (non, je suis tout sauf un Apple addict, laissez moi finir 😏).
Croyez-moi, l'écran d'un iPhone est un des meilleurs écrans au monde. Je sais très bien que Samsung fourni les écrans à Apple, et alors ? C'est Apple qui derrière va appliquer sa colorimétrie, ses réglages, sa science des couleurs et ils sont pour le moins, excellents dans le domaine.
Attention ! 🫵 : je ne dis pas que tout reste est à jeter à la poubelle. Les écrans des derniers Samsung, Google Pixels, Xiaomi, etc. Sont très très bon aussi.
En général, les écrans des téléphones sont de bonne qualité : de plus en plus d'Oled, belles couleurs fidèles, 120 Hz, et une densité forte en pixels dû à la taille des écrans.
Pourquoi je vous dis tout ça ? Parce que tout le monde n'a pas deux moniteurs pour comparer (d'ailleurs, il faut les étalonner les deux dans ce cas). Après la séance d'étalonnage, vous aurez juste à afficher une photo sur votre moniteur + sur votre téléphone côte à côte. La même photo bien sûr… De là, vous pourrez bien voir si l'étalonnage à "fonctionné".
Par exemple, avec mon moniteur actuel + l'iPhone, les couleurs sont extrêmement proche (peut-être pas à 100 %, mais faut déjà s'accrocher pour voir la différence.)
Justement, peut -il y avoir quelques différences notables ?
Oui et la plus évidente est : Mon moniteur n'est pas Oled, mon smartphone si.
Quand on compare deux dalles qui ne sont pas du même type, c'est assez flagrant. Mais il n'empêche qu'au niveau couleur, je suis parfaitement satisfait du résultat.
Il y aussi la luminosité des écrans à prendre en compte, mais j'y reviendrai. Commençons pour le calibrage de votre écran. 🤗
La gestion des couleurs
Ce genre de souci a une cause très fréquente : une mauvaise gestion des couleurs, voire l’absence totale de gestion des couleurs. Pour résumer simplement, l’objectif de la gestion des couleurs, c’est de faire en sorte que votre intention photographique soit respectée au maximum, peu importe le support : l’écran d’un visiteur, une impression, ou votre propre affichage.
Mais alors, pourquoi est-ce que ce n’est pas automatique ? Parce que tous les périphériques (écrans, imprimantes, etc.) n’ont ni les mêmes capacités pour afficher les couleurs, ni la même façon de les interpréter. Et sans intervention de votre part, ils ne les afficheront jamais exactement comme il faut.
En bref : si vous ne faites rien, vos photos ne seront pas fidèlement rendues ailleurs. Voilà pourquoi il est essentiel de gérer les couleurs.
Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous recommande :
Mon article pour bien choisir votre écran photo.
Et le guide ultra-complet d’Arnaud Frich sur la gestion des couleurs : rigoureux, accessible, et très bien documenté.
Cela dit, pas besoin de se plonger tout de suite dans la théorie complète. Il existe une action simple et concrète qui suffit à régler ces problèmes : le calibrage de l’écran, aussi appelé étalonnage.
Pourquoi commencer par là ? Parce que pour espérer que vos images soient bien affichées chez les autres ou à l’impression, il faut d’abord qu’elles soient bien affichées chez vous, pendant que vous les post traitez. Et par défaut, ce n’est jamais le cas. D'où l’importance de calibrer votre écran correctement.
Je sais… Tous les constructeurs disent que leurs écrans sont calibrés en usine, et c'est sûrement vrai ! Et c'est même très souvent bien fait, mais insuffisant… Tout simplement parce que le calibrage n'est pas fait selon "VOTRE" espace de travail. La luminosité de votre pièce, comment vous travaillez, etc.
Voyons maintenant comment s’y prendre, et avec quel outil.
Calibrer son écran
Autant être direct, la seule méthode vraiment fiable pour calibrer votre écran, c’est d’utiliser une sonde de calibrage.
On trouve bien des sites qui proposent des réglages « à l’œil », mais soyons honnêtes : c’est beaucoup trop approximatif, et vous risquez même d’obtenir un résultat pire que celui de départ.
Parfois, un profil de couleur générique est fourni avec l’écran ou téléchargeable en ligne. C’est toujours mieux que rien, mais cela reste loin d’être précis, car il ne tient pas compte des spécificités de VOTRE écran, de son vieillissement ou de l’éclairage de votre pièce.
Bref, si vous voulez un rendu fidèle de vos images, investissez dans une sonde. C’est un outil essentiel pour tout photographe qui veut garder la maîtrise de ses couleurs.
Oui, c'est regrettable… Il va encore falloir dépenser 100, 200 ou 300 euros pour une bonne sonde. Je vais le redire ici, mais ne prenez pas un écran à plus de 1 000, 2 000, 3 000 euros, etc. Sauf si vraiment vous avez de l'argent à dépenser. Un écran à 200, 300, 500 voir un petit peu plus fera parfaitement l'affaire (selon ses caractéristiques et ce dont vous avez besoin), comme ça, comptez également le prix de la sonde.
La meilleure solution économique, c'est de louer, se faire prêter ou acheter à plusieurs une sonde. Comme ça, vous pourrez largement amortir son prix.
Soyons clairs, même un écran LCD d’entrée de gamme peut donner un rendu tout à fait correct une fois calibré, en particulier pour un usage amateur.
Et si vous travaillez sur un ordinateur portable, n’hésitez pas à calibrer son écran aussi. Certes, ce ne sont pas les meilleurs en termes de fidélité des couleurs, mais le gain après calibration en vaut clairement la peine ! 😉
Quelle sonde de calibrage choisir ?
Si vous vous êtes déjà un peu renseigné sur le sujet, vous avez sûrement croisé les sondes Spyder de Datacolor, une des plus répandues sur le marché. L’un de leurs avantages, c’est qu’il existe plusieurs modèles à des prix différents, ce qui permet d’adapter l’achat à son budget :
La Spyder X Pro (environ 140 €), qui propose la mesure de la lumière ambiante, un plus large choix de valeurs cibles, et une fonction de vérification du calibrage (pratique pour éviter de le refaire inutilement).
La Spyder X Elite (environ 200 €), qui reprend toutes les fonctions de la Pro, avec en plus la possibilité de régler précisément le point blanc et le point noir de l’écran.
Les sondes de chez Calibrite, Calibrite Display Pro HL (environ 200 €), très très cool aussi, mais peut être un peu plus cher.
À titre personnel, j’utilise encore aujourd’hui une Display Pro de chez Calibrite 👇. Même si elle commence à dater, le processus de calibrage reste très simple et globalement identique d’un modèle à l’autre, surtout avec leur logiciel qui est devenu très cool et super simple d'utilisation. J'en suis encore parfaitement content ! Il y a de nouveaux modèles qui sont sortis, un petit peu plus cher que ce que j'avais payé.
Attention également avec des modèles bas de gamme… Pour tout vous dire, je n'ai pas tout testé (la flemme !), n'hésitez pas à regarder quelques tests pour avoir si une sonde est bien ou non.
Cela dit, calibrer avec une sonde d’entrée de gamme vaut toujours mieux que ne rien faire du tout. Si votre budget est serré, vous pouvez envisager une sonde, Spyder ou Calibrite d’occasion. On en trouve parfois à bon prix sur Le Bon Coin, eBay ou autres, mais soyez vigilant : ne payez pas plus de 60, 70 €, sinon autant investir dans une sonde neuve.
Je suis allé voir à l'instant les prix d'occasion, ce n'est pas glorieux. Si vous trouvez la bonne affaire pourquoi pas, sinon achetez du neuf, ou avec un collègue pour réduire le coût, etc.
Je crois que Calibrite m'avait proposé un partenariat pour tester une de leur sonde avec le logiciel, j'avais dit non par flemme, surtout que j'avais déjà une de leur sonde… Mais bon, je vais leur faire une pub gratuite en vous disant ça (et je le pense) : leurs sondes sont très bien, rien à redire.
Comment étalonner son écran ?
La première étape consiste à installer le logiciel fourni avec la sonde. Si vous n’avez pas de lecteur CD (devenu rare aujourd’hui), pas de panique : vous pouvez télécharger le logiciel directement sur le site de Datacolor si vous avez une de leurs sondes, ou Calibrite PROFILER si c'est une sonde de cette marque.
Branchez ensuite la sonde à votre ordinateur, lancez le logiciel… et suivez les instructions ! C’est presque aussi simple que ça. 😉
Un conseil important : faites le calibrage dans les conditions habituelles dans lesquelles vous travaillez vos photos. Par exemple, si vous retouchez souvent le soir avec une lumière artificielle, effectuez le calibrage dans cette ambiance.
Pour que la sonde reste bien plaquée contre l’écran, il faut généralement incliner légèrement l’écran vers l’arrière. La plupart le permettent facilement, mais sinon, vous pouvez caler quelque chose dessous. Pensez aussi à ajuster le petit contrepoids coulissant sur le câble, il sert à équilibrer la sonde pendant le processus. Pour le branchement, j'ai personnellement branché la sonde sur une prise USB de l'écran, et le logiciel la reconnut direct.
Ensuite, il suffit de cliquer sur « Suivant » plusieurs fois. Si le logiciel vous propose de choisir des valeurs cibles (cas de certaines versions de sondes…), sélectionnez les réglages recommandés :
Luminosité : 120 cd/m²
Température de couleur : 6500 K
Gamma : 2,2
Avec pas mal de sonde, vous devrez régler manuellement la luminosité de l’écran à un moment. Il vous suffira d’utiliser les boutons de votre moniteur pour atteindre la valeur cible de 120 cd/m². En général, cela correspond à moins de 50 % de la luminosité maximale de votre écran. C'est trop bas ? Non. Par exemple, la luminosité d'un écran de smartphone est rarement au niveau max. Croyez-moi, baissez la luminosité de votre écran comme indiqué, ce sera parfait pour la suite, et vos yeux vous remercierons !
Le reste du calibrage est automatique. Sur ma machine, cela a pris environ 10 minutes avec une Display Pro de chez Calibrite. Ce n’est pas très long, d’autant que vous devrez recalibrer environ une fois par mois, car les écrans dérivent avec le temps. La vérification mensuelle est plus rapide que le calibrage initial.
Une fois terminé, retirez la sonde de l’écran et placez-la sur son support, généralement devant l’écran : elle pourra ainsi mesurer la lumière ambiante en continu si votre logiciel le permet.
Note pour les utilisateurs de Linux : le logiciel officiel de Datacolor n’est pas compatible. Mais bonne nouvelle : vous pouvez utiliser dispcalGUI, un utilitaire libre très performant (malgré son nom un peu nul). Le processus est plus long, mais les résultats sont tout aussi bons.
À part ça, ce n'est vraiment pas bien compliqué, la sonde va analyser plusieurs gammes de couleurs avec l'aide du logiciel, et configurer les bonnes teintes automatiquement.
Après avoir terminé l'étalonnage, que faire ?
À partir de maintenant, vos couleurs s’afficheront enfin correctement sur votre écran, notamment grâce à un profil de calibration que vous aura créé le logiciel (profil ICC). Et ça, c’est vraiment la base indispensable ! Vous pourrez peut être même faire un avant après, depuis le logiciel.
Si vous retournez voir d’anciennes images, vous remarquerez peut-être des différences de teinte ou de luminosité par rapport à vos souvenirs.
C’est normal : vous voyez désormais les "vraies" couleurs, et cela vous évitera bien des déconvenues à l’avenir. Rien ne vous empêche d’ailleurs de retoucher vos anciennes photos si vous en ressentez le besoin. 🤗
Ce changement va aussi faire toute la différence au moment d’imprimer vos images. Après, il y a d'autres choses à vérifier avant de faire imprimer, je vous conseille de vous renseigner à ce sujet.
Une fois votre écran calibré, vous aurez fait l’essentiel du travail. Bien sûr, il reste encore quelques subtilités à régler pour aller plus loin, surtout pour l'impression d'image, mais le calibrage vous évitera déjà 90 % des problèmes.
Si vous voulez continuer sur le sujet, je vous invite à lire mon article sur le choix d’un écran photo, qui complète parfaitement celui-ci, et surtout qui vous guide pour choisir votre écran de rêve.
Je vous aide également à choisir votre ordinateur pour la retouche photo et la vidéo, dans cet article.
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Et vous, avez-vous déjà calibré votre écran ? N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire : vos retours peuvent vraiment aider ceux qui hésitent encore à franchir le pas ou qui galèrent pour cette pratique.
Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🤗
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