Bruit numérique : c'est quoi et comment le réduire en photo et vidéo
- Quentin
- il y a 3 jours
- 11 min de lecture

C'est une vraie malédiction… un virus. Comme si tous les fichiers image numériques étaient contaminés.
Il est absolument partout… même lorsque vous prenez une photo parfaitement éclairée, bien exposée à ISO 100. Caché, plus discret, mais il est là.
Dans une vidéo et surtout si vous shootez en Log, caché dans l'ombre, il est là.
Rien n'y personne ne peut y échapper, on est obligé de faire avec.
Je parle du bruit numérique.
Je pense que vous connaissez, que vous avez déjà regardé un paquet de tutos pour chercher à le supprimer. C'est compliqué, et de toute façon, il revient toujours, comme un démon avec qui on aurait fait un pacte.
Laissez moi vous expliquer précisément ce qu'est le bruit numérique, d'où il vient, le comprendre dans tous ses détails jusqu'à ses moindres secrets… Ensuite, on cherchera à s'en débarrasser efficacement !
Qu’est-ce que le bruit numérique, et d’où vient-il vraiment ?
Quand on débute en photo/vidéo (numérique), et parfois même après des années de pratique, on a tous déjà pesté contre ces petites “granules” qui viennent ruiner une image pourtant prometteuse. Ce phénomène, c’est le bruit numérique. On le voit surtout dans les zones sombres, dans les couleurs un peu plus "flates" (plat) ou dans les images prises en haute sensibilité ISO.
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Le bruit numérique, c’est quoi au juste ?
Le bruit numérique, c’est un peu comme le souffle qui apparaît quand on monte trop le volume sur une vieille radio. Sur une photo, il se manifeste sous forme de points colorés ou de grain irrégulier qui se superposent à l’image. Ce n’est pas quelque chose que ton appareil “rajoute” volontairement : c’est plutôt un défaut inhérent au processus de capture de la lumière.
Pour faire simple, ton capteur reçoit un certain nombre de photons et les transforme en signal électrique. Plus la lumière est faible, plus ce signal est faible… et plus les imperfections se voient. Le bruit, c’est donc l’ensemble de ces petites variations parasites qui viennent s’ajouter au signal utile. En photo comme en vidéo d'ailleurs. Le souci en vidéo, c'est qu'il vient danser sous notre nez, puisqu'il y a du mouvement avec la succession d'images, le bruit bouge également. Sur un plan bien exposé avec quelques zones d'ombres, vous pourrez zoomer et voir le bruit numérique "grésiller" dans ces coins là. Mais avant de lui faire porter tous les torts du monde, ça vaut le coup de comprendre d’où il vient.
D’où vient vraiment le bruit ?
Le bruit numérique a plusieurs origines, souvent invisibles mais toujours présentes :
1. Le manque de lumière
C’est la source numéro un. Quand l’éclairage est faible, ton capteur doit “deviner” une grande partie de l’information. Résultat : il amplifie non seulement le signal utile, mais aussi les imperfections. Monter l’ISO ne crée pas du bruit, mais ça amplifie le bruit déjà présent, un détail qui change tout dans la compréhension. C'est pour ça que filmer de nuit, même avec un ISO acceptable, peut générer encore plus de bruit. L'appareil ne distingue pas vraiment ce qu'il y a devant lui, alors il interprète, il estime, et puisque ce n'est pas parfait, que le signal n'est pas bon et pas dans des conditions optimales, le bruit numérique est encore plus voyant.
2. La chaleur du capteur
Plus un capteur chauffe, plus il produit du bruit. C’est pour ça que les poses longues, ou les boîtiers qui filment longtemps, ont tendance à générer plus de granulation. Les pixels deviennent littéralement plus “nerveux” quand ils ont chaud. D'ailleurs, pas mal d'appareil photo propose une réduction du bruit plus importante pendant les poses longues. Le paramètre est souvent bien caché dans les options.
3. Les limites électroniques
Même les meilleurs appareils photo ne sont pas parfaits. L’électronique interne génère elle aussi un petit bruit parasite. Sur les modèles haut de gamme, ce bruit est mieux contrôlé, mais il ne disparaît jamais complètement. Techniquement, même sur une photo parfaitement exposée, avec la bonne lumière, à ISO 50, 100… il y a du bruit numérique. Il est juste invisible à l'œil nu.
4. La taille des pixels
Un capteur plein format avec de gros pixels peut collecter plus de lumière qu’un capteur APS-C très dense. Plus un pixel est petit, plus il a du mal à attraper suffisamment de photons, donc de lumière… et plus il risque de générer du bruit. C’est pour ça qu’un Sony A7R V (plein format) à 61 Mpx et un A7S III (plein format) à 12 Mpx ne réagissent pas pareil dans le noir.
le bruit fait partie du jeu
Le bruit numérique n’est pas une erreur de ton appareil : c’est une conséquence logique de sa manière de capturer le monde. Bonne lumière = moins de bruit. Capteur froid = moins de bruit. ISO modérés = moins de bruit. Comprendre ça, c’est aussi mieux choisir le moment où on accepte d’en avoir, parce que parfois, pour saisir l’instant, ça vaut largement le sacrifice.
Bruit numérique vs grain argentique : deux défauts… qui n’ont rien à voir
Quand on parle de photo, on utilise souvent “grain” et “bruit” comme s’ils désignaient la même chose. Pourtant, même si ces deux phénomènes se ressemblent visuellement, ils n’ont pas du tout la même nature, ni le même impact sur l’image. L’un est un héritage du passé argentique, l’autre une conséquence directe de nos capteurs modernes.
Le grain argentique : une texture physique et organique
Le grain, en argentique, c’est quelque chose de bien réel. Chaque photo est composée de milliers de cristaux d’halogénure d’argent répartis dans l’émulsion de la pellicule. Lorsque la lumière frappe ces cristaux, ils réagissent chimiquement, c’est ce qui forme l’image.
Mais ces cristaux ne sont pas parfaitement uniformes. Ils varient en taille, en forme, en densité, ce qui crée cette texture irrégulière, vivante, que beaucoup apprécient encore aujourd’hui.
Plus la pellicule est sensible (ISO 800, 1 600, 3 200…), plus les cristaux sont gros… et plus le grain est marqué. C’est un effet voulu, assumé, presque artistique.
Résultat :
le grain fait partie du rendu,
il ajoute une esthétique particulière,
il ne gâche pas les couleurs ni les détails de manière aléatoire,
et surtout : il est cohérent dans l’image.
C’est une “imperfection” qui a du charme, car elle naît d’un support et d'un phénomène physique.
Le bruit numérique : un parasite électronique
À l’inverse, le bruit numérique ne vient pas d’un support physique mais du capteur électronique et de ses limites. Ce n’est pas une texture naturelle, mais un défaut de lecture du signal lumineux.
Il se manifeste sous deux formes principales :
bruit de luminance : un grain grisâtre qui peut rappeler un peu l’argentique,
bruit chromatique : des taches bleu/vert/rouge aléatoires… qui ne rappellent rien de très artistique.
Le bruit vient d’un mélange de facteurs : manque de lumière, chaleur du capteur, amplification du signal (ISO), électronique interne, etc. Ce n’est pas voulu, pas maîtrisé, et surtout pas esthétique. Contrairement au grain, il peut créer des pixels colorés étranges, lisser les détails, dégrader les ombres et le piqué de manière générale.
Le grain est esthétique, le bruit est subi
Il est d’ailleurs amusant de voir que beaucoup de photographes et vidéaste numériques cherchent à rajouter du grain en post-production pour donner un rendu plus vivant, plus cinématographique… Rappelant les pellicules d'autrefois, tout en essayant de réduire le bruit autant que possible sur leurs images brutes.
Deux mondes, deux signatures
Au final, le grain et le bruit sont un peu comme deux cousins éloignés : ils se ressemblent de loin, mais n'ont ni la même origine, ni la même personnalité. Le grain, c’est un choix esthétique (en numérique du moins). Le bruit, c’est une conséquence technique de captation de la lumière.
Mais dans les deux cas, ce sont des éléments qui rappellent une vérité simple : la photographie n’est pas juste une capture parfaite du réel, c’est aussi une affaire de matière, de lumière, et parfois… d'imperfections.
Comment éviter le bruit numérique dès la prise de vue
Comme vous l'avez sans doute compris maintenant, le bruit sera toujours présent, même avec la bonne lumière et la bonne exposition. Mais avec quelques conseils simples, il est assez facile de le rendre presque invisible.
En photo comme en vidéo, il est important de connaître son matériel, de savoir lorsque le bruit sera le plus visible. Donc avec des ISO au plus bas possible, et dans la limite acceptable de votre boîtier. Un boîtier haut de gamme pourra monter à ISO 6 400, le bruit sera visible, mais fin, et facilement corrigeable en post-production. D'autres appareils, de gamme différente feront des images bruitées dès ISO 800 par exemple. C'est pour cela qu'il est important de tester et de connaître son matériel.
À la prise de vue, exposez correctement votre sujet. Toute l'image n'a pas besoin d'être parfaitement lumineuse, le sujet principal, c'est déjà bien.
En vidéo, surtout vous filmez avec un profil d'image Log, pensez à exposer correctement votre image. Je vous renvoie à mon article qui en parle plus en détail.
Aussi, n'hésitez pas à faire refroidir votre appareil. Ne le mettez pas dans le frigo bien sûr, mais quand c'est possible, faites une pause, éteigniez le, et rangez le dans votre sac par exemple. Le processeur et surtout le capteur pourront refroidir, et le bruit numérique sera moins visible.
J'imagine que ce qui vous intéresse le plus, c'est comment le corriger, comment le supprimer ?
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Supprimer le bruit numérique en post-production : pour la photo
Heureusement pour nous, il est de plus en plus facile de corriger voire de supprimer le bruit numérique d'une image.
Notamment avec des logiciels comme Lightroom, Photoshop, etc. Je vais vous montrer deux méthodes simples sur Lightroom.
Pour l'exemple, je vais utiliser cette photo :

Notez que l'image n'est pas traitée, et prise à 6 400 ISO avec un Sony A7R IV. Le bruit est bien présent, mais moins visible en pleine taille. Je vous laisse une version très zoomée pour bien voir ce phénomène.

Sur Lightroom, ouvrez le module de développement, et rendez vous dans la partie détail un peu plus bas. C'est là que ce gère le bruit numérique.

Pour le réduire manuellement, servez vous du curseur de luminance, et du curseur juste plus bas de couleur, pour réduire le bruit de chrominance cette fois (le bruit coloré). Vous pouvez vous aider des curseurs "détail" pour redonner un peu de contour à une image traitée pour le bruit. Oui, plus le traitement sera fort, plus cela supprimera du détail dans l'image. Malheureusement, cela ne fera pas de miracle. Si une photo est très bruitée, il faut jouer avec les différents curseurs et trouver le bon équilibre. L'image perdra forcément encore plus de piqué et de netteté.



Avec ces exemples, vous voyez que le bruit peut être bien réduit, au détriment d'une moins bonne netteté. Je dirais même qu'à plus de 50 sur le curseur de luminance, on perd beaucoup trop de détail. J'éviterai d'aller au-delà de cette valeur.
Je trouve que cette méthode est bien, mais présente des limite assez rapidement. Pour un traitement simple, selon le bruit déjà présent dans votre image (s'il n'est pas trop fort) ça peut le faire.
Voyons maintenant la meilleure méthode sur ce logiciel.
Dans ce cas précis d'une image bien bruitée, nous allons nous servir de l'intelligence artificielle, qui est, sur Lightroom, incroyable ! Pas besoin d'utiliser un autre logiciel ou plugin supplémentaire, tout ce fait en interne.
Toujours dans le même panneau, mettez tous les curseurs par défaut, sans modification donc.
Ensuite, cliquez juste sur le bouton plus haut : réduire le bruit.


Cela demande pas mal de ressource à votre ordinateur, mais dès qu'il aura fini ses calculs, c'est terminé ! Le bruit est complètement supprimé, et l'IA a même redonnée du détail à l'image. De manière très convaincante, il faut le dire.

Vous avez bien sur un curseur de puissance, de base qui est à 50 %. C'est très bien si l'image est beaucoup bruitée, sinon baissez le un petit peu. Il ne vous reste plus qu'à développer votre image comme vous le souhaitez, et à faire votre export.
L'intelligence artificielle peut faire du mal aux créateurs de contenu, je peux l'entendre. Mais dans ce cas, c'est du bonheur ! En 1 seul clic, plus de bruit numérique. C'est comme s'il avait été éradiqué de l'image.
Supprimer le bruit numérique en post-production : pour la vidéo
C'est toujours aussi simple, je vais vous montrer une méthode sur le logiciel Davinci Resolve. Le seul "problème" avec la vidéo, surtout selon la résolution de l'image, c'est que cela demande encore plus de ressources à votre ordinateur. Vous pouvez créer des Proxys pour travailler sur des fichiers bien moins lourds, ou faire des rendus dans le logiciel, afin que la lecture vidéo soit plus fluide.
Sur Davinci Resolve pareil, inutile d'utiliser un plugin supplémentaire, la réduction de bruit présente dans le logiciel offre de très bons résultats.
Il existe deux endroits que je recommande d'utiliser où faire la réduction de bruit :
En premier, rendez-vous dans la partie étalonnage du logiciel, la réduction du bruit se fera toujours sur le premier nœud. Donc si vous souhaitez ensuite étalonner vos plans, créez plusieurs nœuds après le tout premier, qui servira à la réduction du bruit. Même une conversion d'espace colorimétrique doit être placée après le nœud de réduction du bruit.
Ensuite, rendez-vous dans cette partie du logiciel :

De là, vous pouvez réduire le bruit avec la partie "Réduction du bruit temporelle".
Pour image, je vous conseille de laisser sur 3 ou sur 5, qui pour ce dernier, demandera plus de ressource à votre l'ordinateur. Pareil pour "meilleure qualité". Amplitude de mouvement juste en dessous, c'est selon le mouvement que vous faites avec votre caméra et le mouvement présent dans la scène. Si le mouvement est relativement rapide, réglez sur large (ou fort), sinon, moyenne et petit fonctionnent bien. Pour commencer à réduire le bruit, augmentez le curseur de seuil temporel. Comme avec Lightroom, plus vous y allez fort, plus vous perdrez de détail dans le plan. Une valeur d'environ 3, 5 et 7 sont bien pour pas mal de situation, et pour des plans pas trop bruités.
Vous pouvez également utiliser sur la droite le réglage "Réduction du bruit spatiale".
Là aussi, plusieurs modes sont disponibles : rapide, meilleure qualité et la réduction par intelligence artificielle. Cette dernière vous montrera un petit carré, que vous pourrez agrandir et déplacer afin de bien cibler et d'indiquer au logiciel ou se baser pour faire sa réduction de bruit. Il ajustera ensuite tout seul les paramètres, mais cela demandera énormément de ressources à l'ordinateur. Je vous conseille de ne pas mettre trop large le carré de sélection, et de le positionner dans un endroit où il y a le plus de bruit numérique, et si c'est relativement contrasté. Le logiciel aura besoin de ça pour bien accrocher, comme avec un autofocus d'appareil photo.
Pour retrouver tous ces effets, mais pour qu'ils fonctionnent (je trouve) un peu mieux, allez dans les effets à droite, et ajoutez l'effet de réduction de bruit sur le premier nœud. Avec cette nouvelle fenêtre, vous avez significativement les mêmes options que dans la première méthode. Après quelques tests (ça n'engage que moi) je trouve que ça fonctionne mieux ici.

Je coche souvent la case : Split Luma Chroma.
Ça me permet de bien différencier les deux types de bruit et selon ce dont j'ai besoin, c'est parfait ! Pour rappel, le Luma gère le bruit "basique" sans couleur (très fréquent dans les plans). Le Chroma gère le bruit coloré. En jouant avec ces différents paramètres, vous aurez déjà une belle réduction de bruit numérique, de quoi rendre vos plans et vos vidéos plus propres. 😉
Avec ces techniques, le bruit numérique n'est plus un problème, il est complètement effacé grâce à l'intelligence artificielle, ou alors bien réduit avec des paramètres simples de réduction manuelle.
Voilà, je pense avoir fait le tour ! Ce méchant bruit numérique n'a plus de secret pour vous, vous êtes même capable de le réduire voire de le supprimer complètement de vos photos et vidéos.
Il sera toujours là, présent sur vos futures prises de vue pas d'inquiétudes… Comme un ennemi juré, il faut l'aimer et le comprendre pour le combattre efficacement, et ne plus en avoir peur.
Partagez l'article, ça fait toujours plaisir. 😉
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