Le Log en vidéo : tout comprendre pour filmer comme un pro
- Quentin
- il y a 2 jours
- 11 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 2 jours
Ce bon vieux Log…
Tout le monde en parle, tout le monde dit qu'il faut l'utiliser, mais est-ce qu'on sait pourquoi exactement ? C'est quoi le log, et pourquoi c'est très utile de l'utiliser sur vos caméras ? C'est ce que nous allons voir dans cet article.
Ça va être assez technique, mais au moins, ce profil d'image n'aura plus aucun secret pour vous. Vous saurez pourquoi et comment l'utiliser. On est parti !
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C'est quoi le Log ?
Le Log en vidéo, c’est un profil d’image particulier que l’on trouve sur beaucoup de caméras et hybrides modernes (Sony avec son S-Log, Canon C-Log, Panasonic V-Log, DJI D-Log, etc.).
En gros, au lieu de donner une image déjà contrastée et colorée comme tu la verrais normalement, le Log enregistre une image "plate" (peu de contraste, couleurs délavées). Ça peut sembler « moche » à première vue, mais c’est volontaire.
Son utilisation présente plusieurs avantages, mais nous en parlerons un petit peu plus bas dans l'article. 🤗
On pourrait penser, à première vue, que le Log est une image qui manque de couleur et de contraste, alors qu'en fait, c'est plutôt l'inverse. Log, ça vient de logarithme, et donc des mathématiques. Si on utilise les mathématiques, c'est parce que pour une machine comme une caméra, les couleurs sont des nombres. Et si on veut changer les couleurs, il faut changer les nombres.
Souvent, une caméra peut enregistrer une plus grande amplitude de couleur que ce qu'un écran standard, un écran SDR donc, peut restituer. Le problème pour la caméra, c'est que son nuancier, la quantité de couleur différente qu'elle peut concevoir, est limitée. Cette limite est définie par ce qu'on appelle les bits. Un bit, c'est un signal électrique qui passe par un transistor ouvert ou fermé, exprimé par 1 ou 0 (oui, ça fonctionne aussi pour beaucoup de choses électroniques.)
Imaginons, une image noire et blanc quantifiée en 1 bit. Il y aurait deux informations possibles, soit 0, soit 1, autrement dit, soit noir, soit blanc. Avec 2 bits, on passerait à 4 informations possibles, 00, 01, 10, 11, donc noir, blanc, gris clair et gris foncé.
Suivant cette logique exponentielle, une image noire et blanc quantifiée en 8 bits possède 256 combinaisons possibles. C'est ce qu'on appelle un octet. À ce stade-là, nous ne percevons plus les différences entre les nuances (si, un peu en réalité, mais bref, vous comprendrez plus loin !). Et comme une image couleur est conçue à partir de trois canaux : rouge, vert et bleu (le fameux RVB), les nuances possibles d'une image RVB 8 bits reposent sur un nuancier de plus de 16 millions de couleurs possibles.
256 nuances de rouge x 256 de bleu x 256 de vert = 16,77 millions de couleurs.
Seulement, notre perception de la lumière n'est pas linéaire. Les humains perçoivent davantage de nuances dans les basses lumières que dans les hautes lumières. C'est pour cela que nous mesurons la dynamique du capteur d'une caméra en nombre de diaph. À chaque diaph, la quantité de lumière double. Par exemple, lors d'un tournage, si je ferme mon optique de 3 diaph, j'ai l'impression d'avoir 3 fois moins de lumière, alors qu'en réalité, j'en ai 8 fois moins.
Autre exemple, ici 👆, j'ai une échelle de gris qui passe du noir au blanc de manière linéaire. Pourtant, notre perception, elle, ne l'est pas. On perçoit plus de nuances dans les basses lumières que dans les hautes. Une caméra reçoit la lumière de manière linéaire, et si elle répartissait uniformément les informations qu'elle reçoit, elle en gâcherait dans les hautes lumières et n'en enregistrerait pas assez dans les basses par rapport à nos besoins. Ce qui conduirait à ce qu'on appelle un effet de "banding", ou effet de bande. C'est-à-dire la perception d'un manque de nuances dans les dégradés. C'est là qu'intervient ce qu'on appelle le gamma. Le gamma, c'est une courbe de transfert dans la luminance, c'est la fluidité avec laquelle l'image passe du noir au blanc.
Là encore, il s'agit d'une fonction mathématique qui s'applique aux valeurs de l'image pour les relever, de façon à ce que la caméra les enregistre ainsi. Ensuite, lorsqu'un écran affiche cette image, il applique une fonction réciproque à ce gamma, afin de revenir à une image qui paraisse naturelle. Ce procédé permet ainsi d'enregistrer plus d'informations dans les basses lumières que dans les hautes. Donc toutes les caméras et les écrans fonctionnent ainsi, sans qu'on est trop à s'en préoccuper.
Néanmoins, beaucoup de caméras modernes peuvent enregistrer des images dites HDR, c'est-à-dire avec une grande place dynamique (High Dynamic Range). Ce qui signifie qu'elles peuvent créer des couleurs plus claires et saturées que ce qu'un écran standard pourrait afficher. Sauf qu'encore une fois, ces caméras ont un nuancier de couleur limité.
Généralement quantifié en 10 bits, c'est-à-dire avec 1 024 nuances par canal rouge, vert et bleu. Et pour pouvoir profiter de cette grande place dynamique sans créer des effets de bandes, elles utilisent une fonction logarithmique plus prononcée qu'un gamma classique.
C'est ça, le Log !
D'ailleurs, il est propre à chaque constructeur.
En fait, tu peux filmer en Log, puis transformer ton image en HDR lors de l’étalonnage. Le Log est la matière brute, le HDR est le rendu final destiné au spectateur. Vous pouvez bien sûr filmer directement en HDR (souvent sur smartphone avec iPhone et tout, mais là n'est pas le sujet). Il existe des profils avec encore plus de bits et donc, plus d'information disponible dans le fichier. Par exemple : le Raw, qui peut être pour de la vidéo, en 12 bits.
Lorsqu'une image log est affichée sur un écran standard, l'image paraît grisâtre parce que l'écran ne l'interprète pas correctement. Il faut le corriger en lui indiquant la fonction réciproque de ce log. C'est ce que l'on fait quand on lui envoie une LUT de conversion correspondante qui sert à visionner l'image correctement. Il existe aussi pleins d'autres façon de corriger cela, je vous recommande ma vidéo YouTube qui vous en propose plusieurs.
Donc pourquoi tourner en log ?
Décider de tourner en log, c'est comme passer d'un petit appartement, à un plus grand appartement. Cela ne vous apporterait pas plus d'affaires, mais plus d'espace.
Si je prends l'exemple du très connu S-Log 3 de Sony : avec ma caméra actuelle, je suis capable de filmer en 10-bits. Ce qui aura pour effet d'augmenter les nuances de couleurs, pour ainsi créer de plus jolies transitions dans les dégradés. Le Log sert également à augmenter la plage dynamique du capteur. La plage dynamique, c'est le fait de pouvoir capturer et voir les informations dans les basses, et hautes lumières.
On pourrait dire, qu'un plan tourné directement en Rec 709 sera de moins bonne qualité qu'exactement le même plan tourné avec un profil Log.
Vous l'aurez sûrement compris : plus de couleurs, plus d'information en basse et haute lumière, et généralement des fichiers plus lourd, le Log est parfait pour de l'étalonnage simple et plus créatif.
Filmer en Log génère une image volontairement plate et peu saturée, bien différente des profils standards. Cette apparence neutre est en réalité une force : elle préserve un maximum d’informations et offre une grande marge de manœuvre en post-production. Cela permet d’ajuster finement les couleurs, les contrastes et l’exposition pour transformer une vidéo terne en rendu riche, cinématographique et percutant (comme on aime si bien le dire).
Pour exploiter pleinement ce potentiel, des logiciels comme DaVinci Resolve ou Adobe Premiere Pro offrent des outils puissants de correction colorimétrique.
Voilà, c'est pour ça que tout le monde dit de filmer en Log ! (moi le premier…). Puisque les fichiers comportent beaucoup plus d'information, la qualité des vidéos sont bien plus supérieure. Vous pouvez ajouter à cela, certaines caméras capables de filmer en format Raw, oui, "pratiquement" comme celui en photo, et vous avez une capacité en montage et en étalonnage qui est folle !
Petit aparté, lorsque vous réglez votre caméra en neutre, en standard, en vibrant/vivid, ou en autre chose, ce ne sont que des profils colorimétriques. L'espace de couleur, lui, est toujours le même, c'est du Rec 709. Donc une chose à retenir, c'est que, en tournage, lorsque vous regardez une image log à travers sa LUT, il existe potentiellement des couleurs au-delà de ce que vous voyez. Alors quand Rec 709, ce que vous voyez, c'est ce que vous avez.
Autre avantage : précision des couleurs/reproduction des teintes naturelles et réalistes
Le Log enregistre une image aux couleurs neutres, sans traitement appliqué. Cette base équilibrée peut ensuite être modelée en post-production pour adopter une large palette de rendus visuels. C’est un atout majeur lorsqu’on vise un style précis ou lorsqu’il faut harmoniser les couleurs entre plusieurs caméras lors d’un même projet.
Par exemple : mixer du Sony avec du Canon, ou le plus fréquent, mixer les images d'une caméra avec celles d'un drone.
Pourquoi ne pas tourner en Log ?
Alors oui, on vient de voir que le profil Log possède énormément d'avantages, il y aurait quand même certaines situations où je ne vous recommande pas de l'utiliser. Ça va être dur pour moi de tout expliquer, puisque ça va beaucoup dépendre de votre caméra, de son capteur, du Log utiliser, etc. Mais en gros, c'est souvent à éviter lorsqu'on filme en basse lumière. Généralement quand il fait nuit par exemple.
" Pourquoi ? "
Un profil Log à souvent tendance à introduire pas mal de bruit numérique, alors il faut avoir une attention toute particulière sur son exposition pendant le tournage. Encore une fois, cela va dépendre du Log et de la caméra, mais il faudra surexposer légèrement l'image, chose souvent très difficile à faire quand on manque déjà de lumière. Après, si vous avez du bruit numérique dans l'image, des logiciels comme Premiere Pro et Davinci Resolve présentent de plus en plus d'outils qui servent à corriger cela. Notamment grâce à de l'intelligence artificielle, et ça, c'est cool !
Dans tous les cas, et même en aillant bien filmé, il faudra corriger le bruit numérique de l'image, ça se fait très simplement sur pas mal de logiciel, pas d'inquiétude 🤗.
Après, il faut aussi prendre en compte ce que vous voulez filmer, tout simplement. Pour des prises de vues simples en intérieur, de nuit, ou si vous souhaitez faire des vlogs, des interviews… Vous n'êtes pas obligé de filmer en Log tout le temps. Le Log demande pas mal de compétence pour être maîtrisé, notamment en exposition et en étalonnage. Puisque souvent, ce n'est pas du Raw, il y aura moins de latitude et de marge d'erreur en post-traitement. Vous pouvez bien évidemment vous entraîner afin de le maîtriser pleinement, pour ensuite pouvoir plus l'utiliser. Je vous donne quelques tips en plus juste plus bas 👇
Comment exposer correctement le Log à la prise de vue ?
Comme beaucoup le diront, et comme j'ai pu le dire aussi : il faut faire attention dès la prise de vue avec le Log. Trop surexposer, et l'image sera cramée, vous perdrez de l'information dans l'image, notamment dans les hautes lumières. Pas assez exposé, vous perdrez de l'information dans les ombres, mais surtout, vous introduirez pas mal de bruit numérique dans l'image, surtout si vous relevez l'exposition en post-traitement.
Alors comment faire concrètement ?
Vous pouvez appliquer toutes les règles de bases de l'exposition que vous connaissez et utiliser les outils à votre disposition pour correctement exposer l'image dès la prise de vue.
Vous avez par exemple l'histogramme (moins précis pour la vidéo), le multimètre M.M, l'oscilloscope (si dispo sur votre boîtier ou moniteur), les "false color", les zébras, etc.
Le mieux également, c'est d'utiliser un moniteur externe branché à la caméra. L'écran sera plus grand, et vous aurez aussi, selon le moniteur, un paquet d'outils qui vous aideront pour la mise au point et l'exposition.
Il faut prendre en compte également l'ISO natif de votre caméra : Souvent, sur les appareils Sony Alpha, c'est autour de 640-800 ISO en Log. Pour faire très simple, ça veut dire que pour avoir la meilleure plage dynamique, il ne faudra pas descendre en dessous (c'est l'ISO de base en Log, comme ISO 100 qui est la base en photo et sans profil d'image). Vous pourrez bien sûr monter les ISO si jamais vous avez besoin de plus de lumière, mais voilà… plus d'ISO, plus de lumière, mais aussi plus de bruit numérique, diminution légère de la plage dynamique, tout ça tout ça.
On va dire que vous pouvez rester à ISO 800 en S-Log 3 pour l'exemple.
Ensuite, la vitesse : le plus souvent au double du nombre d'images par seconde pour de la vidéo. Si vous filmez en 30 fps, vous allez vous mettre sur 1/60.
Du coup, il ne nous reste plus que l'ouverture pour exposer correctement l'image : si vous avez un sujet humain style "portrait", vidéo de produit, mariage, etc. vous allez souvent vouloir une grande ouverture, afin d'obtenir un joli flou d'arrière plan et ainsi réduire la profondeur de champ. Vous allez dans ce cas, souvent rencontrer un problème. Il y a beaucoup trop de lumière !
Pour corriger cela, rien de plus simple, vous allez utiliser un filtre ND. Ou fermer l'ouverture si c'est possible pour vous.
Grâce au filtre ND (variable ou non), vous allez pouvoir "retirer" de la lumière, sans toucher à vos paramètres. C'est vraiment un accessoire incroyable en vidéo ! C'est souvent très utile lorsqu'on filme en extérieur en lumière naturelle.
Dernière petite astuce : selon la caméra et Log que vous utilisez, n'hésitez pas à surexposer légèrement votre image. En réglant la mesure de la lumière sur "multi", l'appareil fera une moyenne de l'exposition sur l'ensemble de la scène. Aidez-vous ensuite du multimètre M.M pour savoir si vous êtes correctement exposé. Généralement, en Log, vous pouvez surexposer entre +0.3 à +1.7 diaph. Encore une fois, faites attention selon ce que vous filmez. Il peut y avoir quelques éléments cramés dans la scène, utilisez les zébras ou d'autres outils pour le savoir.
Mais voilà, c'est comme ça… Le Log à besoin de pas mal de lumière pour être bien exposé.
Un point sur l'ISO natif
Certaines caméras modernes (souvent conçues pour la vidéo, et encore plus quand on filme en Log) possèdent deux sensibilités ISO de base optimisées par le capteur.
Ça veut dire qu’il y a deux “points idéaux” où l’image est la plus propre, avec le moins de bruit possible.
Exemple concret :
Sur une caméra donnée, tu pourrais avoir un premier ISO natif à 640 et un second ISO natif à 3 200.
Si tu filmes à 640 ISO → image propre, dynamique max.
Si tu montes à 3 200 ISO → au lieu d’ajouter plein de bruit, la caméra bascule sur son deuxième circuit natif, ce qui redonne une image propre, comme ISO 640.
Pourquoi c’est utile en Log ?
Le Log demande beaucoup de dynamique (détails dans les ombres et hautes lumières).
Or, filmer en Log à haut ISO sur une caméra génère vite du bruit.
Avec le double ISO natif → tu gardes une image propre, même en basse lumière, et tu exploites à fond la plage dynamique du Log.
Le double ISO natif, c’est comme avoir deux réglages ISO “parfaits” sur ta caméra : un pour filmer en lumière normale, et un pour filmer en basse lumière, sans dégrader ton image. N'hésitez pas à vous renseigner si votre caméra possède un double voir un triple ISO natif.
Je pense que vous l'aurez compris, le Log en vidéo est quelque chose d'extrêmement utile et puissant ! Le profil, surtout en 10 bits permet un étalonnage comme on le souhaite, et même si les fichiers prennent de la place sur les disques, c'est quand même bien moins que des fichiers tournés en Raw. Les profils Log sont disponibles sur de plus en plus d'appareils, alors profitez en !
J'espère que cet article vous aura plu et surtout aidé !
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