Rien qu'avec le titre vous devez vous dire que ça y est, j'ai tourné une carte.
Que vous m'avez perdu ? Mais non, ne vous inquiétez pas. On va parler de quelque chose qui effectivement à première vue semble un peu compliqué, mais pas du tout.
L’indice de lumination (IL), aussi appelé Exposure Value (EV) en anglais, ou plus simplement stop voire diaph (abrégé de diaphragme), est la manière qu’utilise votre appareil pour mesurer la luminosité. Voyons comment comprendre ce concept va vous permettre de maîtriser la fonction de correction d’exposition de votre appareil.
Vous voyez qu'il y a déjà plusieurs abréviations, mais c'est pour désigner la même chose. Ça va bien se passer pas d'inquiétude à avoir ! 😈
J'utiliserai indifféremment les termes dans cet article.
Qu’est-ce qu’un “stop” : définition
Si vous avez pas mal lu sur la photo, notamment en anglais, vous avez peut-être déjà rencontré ce terme employé à toutes les sauces, avec des formulations compliquées.
Dédramatisons le concept : les stops/EV/IL/diaphs sont juste une manière de mesurer la lumière.
Pour faire simple, à chaque fois que vous doublez la quantité de lumière qui rentre dans le capteur d'un appareil, vous augmentez d’1 EV, et à chaque fois que vous divisez la quantité de lumière par deux, vous diminuez d’1 EV.
Exemple simple : admettons que 2 lumières identiques soient notre luminosité de référence, équivalentes à 0 EV.
Si vous éclairez avec seulement une lumière, vous serez à -1 EV (vous diminuerez la luminosité d’1 stop), et si vous éclairez avec 4 lumières, vous serez à +1 EV (vous augmenterez la luminosité d’1 stop). Un stop n’est donc pas une quantité de lumière absolue, mais une différence entre deux quantités de lumière.
Jusque-là, rien de bien méchant.
La relation avec l’ouverture, la vitesse d’obturation et la sensibilité ISO
Mettons donc ce concept en relation avec ce que vous devez mieux connaître, à savoir les 3 piliers du triangle de l’exposition.
La sensibilité ISO
Commençons par le plus simple : quand on double la sensibilité ISO, on augmente d’1 stop (si les autres paramètres restent identiques bien sûr).
C’est logique, puisque doubler la sensibilité double la quantité de lumière perçue par l’appareil.
Sur les appareils d’entrée de gamme, vous ne pouvez modifier la sensibilité ISO que par palier d’1 stop, ce qui est donc plus simple. Mais nous allons voir que pour les deux autres paramètres, vous avez la possibilité de réaliser des réglages plus précis.
La vitesse d’obturation
C’est assez intuitif également : si vous doublez le temps d’exposition, vous augmentez l’exposition d’1 stop.
Exemple, si on considère que 1 seconde de temps de pose correspond à 0 IL, 2 secondes correspond à +1 IL, et 0,5 seconde à -1 IL.
Il faut simplement prendre garde, car le plus souvent vous réglez la vitesse d’obturation par paliers de 1/3 de stop ou 1/2 stop (selon les préférences que vous avez définies dans l'appareil photo).
Donc, c'est un peu plus précis que si on réglait directement de +1 IL ou -2 IL.
L’ouverture du diaphragme
L’application du principe est un peu moins intuitive pour l’ouverture : en effet, les F/nombre qui définissent l’ouverture sur votre appareil ne sont pas linéaires. C’est-à-dire que F/8 ne correspond pas à une quantité de lumière double par rapport à F/16 par exemple. Il est inutile d’expliquer pourquoi, mais je vais donc vous donner les ouvertures qui correspondent à des paliers de +/-1 EV :
f/1 > f/1.4 > f/2 > f/2.8 > f/4 > f/5.6 > f/8 > f/11 > f/16 > f/22 > f/32
Entre chacune de ces ouvertures, il y a donc une différence de 1 stop.
Là aussi, vous pouvez régler par cran d’1/3 ou 1/2 EV. Et donc, si vous augmentez l’ouverture d’un cran, vous pouvez augmenter la vitesse d’obturation (la rendre plus rapide) d’un cran également. Mais comme c’est différent des ISO qui fonctionnent parfois par stops entiers, il faut faire attention.
Et avec un flash alors ?
Honnêtement, je ne vais pas m’étendre sur le sujet car je ne le maîtrise pas encore très bien (j'utilise à l'heure actuelle très peu voir pas du tout de flash), mais de la même façon que doubler le nombre de lumière augmente l’exposition d’un IL, doubler la puissance d’un flash augmente également l’exposition d’1 IL, puisqu’on double la quantité de lumière. Ça paraît assez évident.
Concrètement à quoi ça va vous servir à apprendre tout ça ?
Connaître ceci vous aidera beaucoup en mode manuel. En effet, pour maintenir votre exposition tout en changeant votre ouverture par exemple, vous serez obligés de jouer sur les autres paramètres pour compenser.
Exemple :
Votre exposition est correcte à ISO 400, 1/100 et F/4.
Vous souhaitez ouvrir jusqu’à F/2.5, soit +1,3 EV. Vous allez donc devoir compenser de -1,3 EV les autres paramètres pour que votre image ne soit pas sur-exposée.
Vous pouvez par exemple diminuer la sensibilité à ISO 200 (-1 EV), et augmenter la vitesse d’obturation à 1/130 (-1/3 EV).
Si vous n’utilisez pas souvent le mode manuel, voyons tout de même ensemble en quoi avoir lu l’article jusqu’ici peut vous aider à utiliser à bon escient une fonction de votre appareil : la correction d’exposition.
Comment et quand utiliser la correction d’exposition ?
Comment ça marche et dans quels modes ?
Petit rappel tout d’abord : dans les modes semi-automatiques (programme, priorité à l’ouverture et priorité à la vitesse), votre appareil détermine tout seul un ou plusieurs paramètres de l’exposition pour obtenir une exposition correcte selon lui.
Cette exposition est déterminée par les dispositifs de l’appareil selon le mode de mesure de la luminosité que vous avez défini.
La fonction de correction d’exposition permet de forcer l’appareil à sur-exposer ou sous-exposer par rapport à l’exposition qu’il a calculée. Sur les appareils d’entrée de gamme, votre marge de manœuvre par rapport à cette exposition calculée automatiquement est en général de +/- 2 EV.
Pour modifier cette correction, il suffit en général de maintenir enfoncé le bouton consacré, et de bouger la molette. Je crois que sur certains appareils photo, vous pouvez également modifier la correction d'exposition dans les menus de l'appareil. Pratique si votre molette est défectueuse.
En mode manuel (M), cette fonction est inutilisable, puisque vous contrôlez tous les paramètres de l’exposition et pouvez donc sous-exposer ou sur-exposer vous-même. En revanche, vous pouvez l’utiliser dans les 3 autres modes créatifs :
Mode P, l’appareil va modifier le couple ouverture/vitesse.
Mode Av ou A, l’appareil va conserver votre choix d’ouverture et donc jouer sur la vitesse d’obturation.
Mode Tv ou S, l’appareil va conserver votre choix de vitesse et donc jouer sur l’ouverture.
Pourquoi et quand utiliser cette fonction ?
D’abord, l’exposition “correcte” que détermine votre appareil n’a de correcte que le nom. En effet, l’appareil cherche à ce que toutes les zones de l’image soient correctement exposées, c’est-à-dire qu’on les voit bien et en détail.
Or, ce n’est pas toujours votre souhait photographique ou tout simplement les conditions sont trop compliquées à gérer pour l'appareil. Vous pouvez souhaiter sur-exposer ou sous-exposer votre image volontairement pour créer un effet ou une ambiance.
Sur l’exemple de la photo avec la Lune, je n’ai pas besoin d'avoir du détail dans le ciel (d'ailleurs, il est limite impossible d'avoir du détail), puisque de toute façon il est noir (trop noir même, c'est un ciel de nuit).
De plus, le fait qu’il soit sombre contribue à isoler mon sujet. Le premier réflexe est de changer le mode de mesure de la luminosité bien sûr, mais il arrive que ça ne suffise pas. On y reviendra.
Dans quelles situations utiliser la correction d’exposition donc ?
Si votre appareil à une tendance à sur-exposer ou sous-exposer l'image
Ça va beaucoup dépendre de l'âge de votre appareil photo et de la marque, mais il arrive que certains modèles aient une tendance à sous-exposer ou sur-exposer. Il suffit de déterminer de combien d’IL, et de corriger l’exposition en conséquence. Les petites erreurs peuvent être corrigées en post-prod, notamment grâce au format RAW.
Les zones de l’image ne sont pas toutes aussi lumineuses
Que ce soit un sujet plus sombre que l’arrière-plan ou un ciel trop lumineux, ce problème arrive souvent.
On peut utiliser cette fonction pour régler le problème.
Le mode de mesure de la luminosité est un outil qui est à la base un avantage conçu pour ce genre de souci, mais personnellement, je préfère utiliser la correction d’exposition, qui est plus intuitive.
On rend simplement l’image plus ou moins lumineuse, et si on utilise un appareil photo hybride, on peut directement voir le résultat grâce à la visée électronique (que ce soit l’image directement ou avec l’histogramme).
Vous avez besoin d’une vitesse d’obturation plus élevée
Je reprends ici l’exemple de la photo avec la Lune : il n’y a pas de lumière sauf celle émise par la dite Lune donc j’ouvre au maximum et je pousse ma sensibilité ISO (dans la limite du raisonnable pour éviter le bruit).
Je me place en mode de mesure spot pour signaler à l’appareil que je souhaite exposer correctement uniquement la Lune donc, et pas le fond.
Imaginons que la vitesse d’obturation soit toujours insuffisante pour figer le mouvement. Je décide que je préfère une photo un peu sombre et nette à une photo mieux exposée mais floue. (oui parce que la Lune se déplace relativement vite par rapport à nous sur Terre et peu vite sortir du cadre avec utilisation d'un trépied.)
Je règle donc la correction d’exposition sur un chiffre négatif (qui dépend de la situation). Ainsi, l’appareil sélectionne une vitesse d’obturation plus rapide, ce qui me permet de figer le mouvement. Après, si vous êtes chaud shooter tout en mode manuel. Moi c'est ce que je préfère, mais c'est d'après mon envie et mes habitudes.
Autre exemple en photo animalière : vous shootez à main levée un oiseau en vol avec un 400 mm. Vous avez donc besoin d’une bonne vitesse à la fois pour figer le mouvement et pour éviter tout flou de bougé.
Mais il fait un peu sombre, et régler l’ouverture et la sensibilité au maximum ne suffisent pas. Là aussi, vous préférez une image un peu sombre et nette, et donc vous réglez la correction sur un chiffre négatif afin d’augmenter la vitesse d’obturation.
Toujours en partant du principe que vous êtes dans un mode semi-automatique.
Voilà, j’espère que cet article vous aura permis de bien comprendre ces notions de stop/EV/IL, et de percer le mystère du bouton de correction d’exposition. Encore une fois le sujet est vaste, alors n'hesitez pas si vous avez des questions.
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