Le Téléobjectif : tout aussi intéressant en photo de paysage !
- Quentin

- 24 juil.
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 juil.

En photographie comme ailleurs, on développe vite des automatismes, souvent influencés par notre environnement visuel habituel. Ce qu’on voit souvent finit par devenir une norme : appliquer systématiquement la règle des tiers, photographier la rue uniquement au 35 mm, faire des portraits toujours à l’ombre… ou encore prendre tous ses paysages au grand-angle. Et si on faisait l’inverse ?
Soyons clairs : ces réflexes ne sont pas des erreurs en soi, et personne ne va venir vous embêter si vous les appliquez régulièrement (sauf les c***…)
La plupart de ces habitudes reposent sur des bases solides : la règle des tiers aide à structurer une image, l’ombre permet souvent un rendu plus doux en portrait, etc. Et si vous les adoptez consciemment, elles peuvent même devenir une partie intégrante de votre style.
Le vrai problème, ce n’est pas d’avoir des automatismes.
C’est de :
Les utiliser par facilité, sans réfléchir, ce qui mène rarement à des images marquantes.
Ne jamais les remettre en question, même quand ils ne sont pas adaptés à la scène.
Prenons un exemple concret : Lors de mes derniers voyages, j'emporte toujours ce fabuleux Sony 70-200 f/2.8, et je me force (quand c'est nécessaire, bien sûr) à l'utiliser pour composer et aller chercher du détail au loin dans ma photographie de paysage. Et là, surprise : le téléobjectif s’est révélé super utile pour composer autrement, isoler des éléments, et proposer un regard bien plus original que le sempiternel ultra grand-angle.
Le téléobjectif, c’est quoi ?
Je vous recommande vivement de lire l’article complet sur la longueur focale, ainsi que celui sur la taille du capteur, pour bien cerner tous les aspects. Mais pour simplifier au maximum, on peut dire qu’il existe trois grandes familles de focales (le fameux chiffre en mm) :
La focale « normale »
Elle est censée se rapprocher de ce que perçoit l’œil humain. Ce n’est pas totalement exact d’un point de vue technique, mais cela signifie surtout que le cadrage obtenu paraît naturel et intuitif : ni trop large, ni trop serré, sans effet de grossissement ni de rétrécissement.
En plein format (24×36), cela correspond à environ 35-50 mm.
Ce qui donne environ 17-25 mm en micro 4/3, ou 23-35 mm en APS-C.
Les focales grand-angle
Elles capturent un champ de vision plus large que l’œil humain. Elles « dézooment » en quelque sorte : idéales pour les paysages, l’architecture, ou les scènes où l’on veut montrer beaucoup d’éléments dans le cadre.
On parle de grand-angle à partir de 24 mm (équivalent plein format).
Et d’ultra grand-angle autour de 16 mm ou moins. Pour les plus petits capteurs, ça serait plus 8, 10 mm…
Les téléobjectifs
À l’inverse, les téléobjectifs réduisent l’angle de vue et « zooment » visuellement sur le sujet. Parfaits pour isoler un détail, cadrer serré de loin, ou aplatir les perspectives.
On entre dans cette catégorie au-delà de 50 mm.
90 mm est un "petit téléobjectif, 200 mm un téléobjectif long, et au-delà de 300-400 mm, on parle de super téléobjectif.
Petite note : j’emploie ici des termes volontairement simplifiés comme « zoomer » ou « dézoomer », ce n’est pas techniquement correct, mais c’est une aide précieuse pour les débutants qui visualisent plus facilement les effets de ces focales. 🤗
Le grand-angle reste la référence en paysage… MAIS !
En photographie de paysage, on utilise presque systématiquement un grand-angle, voire un ultra grand-angle.
Et c’est logique : ces objectifs permettent de capturer l’immensité d’un panorama, ce que l’on a souvent envie de retranscrire face à un décor spectaculaire.
Mais attention, le rendu n’est pas toujours convaincant. Un grand-angle peut produire des images puissantes (j’en parle plus en détail dans cet article sur les grand-angles), mais il peut aussi donner un résultat plat, vide, ou peu impactant, selon le contexte.
Le grand-angle fonctionne particulièrement bien :
Quand l’élément principal du paysage (montagne, rivière, rocher…) est proche de vous.
Lorsque vous pouvez intégrer un premier plan fort : une fleur, un arbre, un rocher, ou simplement en vous baissant pour accentuer la perspective.


Mais si vous vous trouvez face à un paysage vaste mais peu structuré, avec un sujet principal trop éloigné, ou aucun premier plan intéressant, le grand-angle risque de produire une image sans relief, ni point d’accroche visuelle.
Résultat : une belle scène en vrai, mais une photo "terne" et moins intéressante que dans la vraie vie.
Et c’est là qu’intervient le téléobjectif !
Dans ce genre de situation, passer à une focale plus longue peut transformer totalement votre image.
Un petit téléobjectif suffit parfois : il suffit de zoomer avec votre objectif standard (comme un 18-55 mm).
Pour aller plus loin (vers 200 mm et plus), il faudra en revanche un objectif dédié.
Voyons maintenant en quoi un téléobjectif peut enrichir vos photos de paysage 👇
Le téléobjectif cadre mieux dans un paysage "trop grand, trop vaste"

En vrai, quand on est sur place, devant ce beau volcan de Bali, on a envie de capturer la scène en intégralité. Mais ça ne le fait pas… C'est beaucoup trop vaste. (Et très mal composé aussi… Photo prise en 2019 au smartphone, je ne faisais pas encore de photo ! 😏)
Là, ça dépend aussi de mon emplacement, de la perspective, etc. On pourrait très bien cadrer large, en composant mieux notre image. Puisque j'étais en hauteur à ce moment-là, impossible de me baisser (barrière gênante) et de descendre plus bas. L'utilisation d'un téléobjectif pour tout simplement aller chercher un peu de détail et pour mieux voir le sujet est bien plus pertinent.


Le téléobjectif compense l’absence de premier plan intéressant
Parfois, le problème ne vient pas de la taille du paysage lui-même, mais du manque de premier plan pour "faire entrer" le spectateur dans l’image.
Résultat : la photo manque de relief, de profondeur, et l’œil se désintéresse rapidement. Encore un paysage de plus, sans réel impact.
Plutôt que de tenter désespérément d’intégrer un avant-plan inexistant, autant l’assumer pleinement : en zoomant sur une portion spécifique du décor, on contourne naturellement ce besoin. L’image devient plus graphique, plus ciblée. Et surtout, le regard comprend instinctivement qu’il s’agit d’une scène prise au téléobjectif : il ne cherche pas un premier plan, il s’imagine simplement observer à distance un détail du paysage.

Au-delà de simplement compenser les limites du grand-angle, il peut surtout devenir un vrai choix créatif. Il permet de mettre en valeur un détail précis du paysage, quelque chose que vous aviez repéré mais que vous n’arriviez pas à isoler efficacement avec une focale plus courte.
C’est exactement ce qui m’est arrivé en montant à ce point de vue en Slovénie. La petite église que vous voyez était vraiment très loin de moi. Avec un 200 mm, je trouve le rendu très cool, et bien équilibré !

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Pour finir sur le téléobjectif : il en écrase !
Pour finir, on entend souvent dire que le téléobjectif « écrase les perspectives ». Si cette expression vous laisse un peu perplexe, c’est normal : elle peut prêter à confusion.
En réalité, ce n’est pas la focale elle-même qui modifie la perspective, c’est la distance au sujet qui change la perspective. Cela dit, une focale grand-angle, avec son large champ de vision, pousse souvent le photographe à s’approcher de son sujet, ce qui accentue naturellement la différence de taille entre les éléments proches et éloignés. D’où cette impression de profondeur marquée.
À l’inverse, avec un téléobjectif, on cadre plus serré et donc on prend du recul.
Résultat : la différence apparente de taille entre les objets proches et lointains est atténuée. Les plans semblent plus compressés, les distances réduites visuellement, et les éléments de l’image plus « rapprochés » les uns des autres.
Prenons un exemple : si vous observez un arbre proche et une montagne au loin à l’œil nu, vous percevez naturellement une grande différence de taille. En photo, un grand-angle exagérera encore plus cet écart (surtout si vous êtes tout près de l’arbre). Un téléobjectif, lui, réduira cette différence en grossissant les éléments éloignés, ce qui donne l'impression qu’ils sont plus proches du sujet principal. C’est cette compression qu’on appelle couramment « l’écrasement de la perspective ». C’est aussi ce qui rend possible les photos de paysages où la lune (ou le soleil par exemple) paraît énorme derrière un élément de premier plan.

Autre avantage de cette approche : elle permet de mieux détacher les plans les uns des autres, et d’obtenir une profondeur de champ plus faible, utile donc, pour isoler un sujet.

Avec mon exemple ci-dessus et cette magnifique verdure, n'est-ce pas !? On voit bien que le tout premier plan, l'herbe floue dans le bas de l'image, est très détachée du second plan (la cabane, les sapins et l'herbe en dessous de la cabane). Ça s'explique par le fait que le bas de l'image est bien plus proche de moi que l'arrière. Les plans sont donc bien coupés, on voit bien la démarcation entre les zones nette et floues. Je n'étais qu'à 135 mm je crois, alors à genre 200 mm ou plus, ça aurait pu être encore plus frappant et on aurait encore plus réduit la profondeur de champ et la perspective.
Si cette photo avait été prise au grand-angle : On aurait déjà bien réduit le flou en premier plan (même avec exactement les mêmes réglages de l'appareil), les éléments de l'image auraient été bien plus petits, mais on en aurait inclus bien plus.
Je pense que vous avez compris 🤗.
De toute façon, si vous voulez en apprendre plus sur la profondeur de champ, cliquez sur ce lien.
J'espère que ces exemples vous auront convaincus d'éviter de systématiquement recourir au grand angle pour le paysage, et de vous aventurer hors des sentiers traditionnels. N'oubliez pas d'explorer l'utilisation de la longueur focale pour créer des photos variées, et qui sait, peut-être même plus réussies ! Et vous, quel est votre objectif préféré en paysage ?
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