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Argentique ou Numérique : comprendre les vraies différences

  • Photo du rédacteur: Quentin
    Quentin
  • il y a 1 jour
  • 10 min de lecture

Argentique ou numérique.

Dans ce deuxième volet consacré à la photographie argentique, je souhaite m’arrêter sur les principales différences que vous constaterez avec le numérique dans la pratique quotidienne.


Je m’adresse ici en particulier aux photographes ayant débuté avec le numérique, comme moi, avec pour objectif de vous donner envie de passer à l’argentique tout en vous accompagnant dans vos premiers pas. En-tout-cas, ça aidera beaucoup ceux qui souhaitent se lancer.

Et pour accélérer votre apprentissage, il est essentiel de comprendre certaines distinctions fondamentales qui se manifestent dès la prise de vue.


C'est parti pour "Argentique ou Numérique : comprendre les vraies différences". 😉



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Argentique ou Numérique, comprendre les vraies différences :

1. Impossible de changer les ISO


Pellicule photo Fujifilm.

En photographie numérique, il est possible de modifier la sensibilité ISO à chaque prise de vue, ce qui est extrêmement pratique.


En général, on essaie de ne pas trop monter en ISO afin d’éviter le bruit numérique, qui devient vite désagréable au-delà d’un certain seuil. Concrètement, on règle d’abord l’ouverture et/ou la vitesse d’obturation selon la profondeur de champ ou l’effet de mouvement souhaité, puis on ajuste les ISO pour obtenir une exposition correcte. Si l’image est trop sombre, on augmente simplement la sensibilité jusqu’à atteindre la bonne luminosité.


En argentique, c’est une autre histoire : la sensibilité ISO du film est fixe (ou presque, j’y reviendrai). Si vous chargez une pellicule 400 ISO, vous devrez conserver cette sensibilité jusqu’à la fin du film. Cela limite donc vos possibilités. Si la lumière vient à manquer, vos options se réduisent, d’autant plus que très peu de pellicules dépassent les 800 ISO. Seules quelques références comme la Kodak T-MAX P3200 et l’Ilford Delta 3 200 atteignent cette sensibilité, mais elles sont toutes deux noir et blanc, il n’existe aucune pellicule couleur équivalente.


Il est toutefois possible de “pousser” un film lors du développement, c’est-à-dire de simuler une sensibilité plus élevée en ajustant les paramètres chimiques.


Techniquement, la sensibilité réelle ne change pas : on rattrape simplement l’exposition au développement.

Même dans ce cas, si vous décidez de “pousser” une pellicule 400 ISO à 1 600 ISO, vous devrez le faire pour l’ensemble du film, ce qui rend cette contrainte toujours présente.


2. Choisir entre la couleur ou le noir et blanc est nécessaire


Même origine, mais contrainte différente : une pellicule est soit en couleur, soit en noir et blanc.


Contrairement au numérique, où un fichier RAW conserve toujours toutes les informations de couleur, une pellicule noir et blanc vous engage définitivement dans ce rendu, impossible de revenir en arrière une fois le film choisi.


Photo de paysage.

Photo de paysage.

Bien sûr, rien ne vous empêche de photographier avec une pellicule couleur puis de convertir vos images en noir et blanc après le scan. Certains puristes verront cela comme un sacrilège, mais rassurez-vous : aucune règle ne l’interdit. 🤗


3. La pellicule supporte mieux la surexposition


Si vous avez déjà pratiqué la photo numérique et suivi mes conseils sur les bases de l’exposition, vous savez sans doute qu’en numérique, le but est d’obtenir une image aussi lumineuse que possible, sans brûler les hautes lumières, ce qu’on appelle « exposer à droite » sur l’histogramme.


En effet, dans le monde numérique, une zone surexposée perd irrémédiablement ses informations. On peut parfois corriger légèrement cela en post-traitement, mais le résultat reste limité. À l’inverse, une légère sous-exposition se rattrape plutôt bien : il suffit d’augmenter l’exposition dans le logiciel, à condition de ne pas trop forcer.


En argentique, c’est tout l’inverse ! La pellicule tolère très bien la surexposition, mais beaucoup moins la sous-exposition. C’est lié à la nature chimique du support.

Comme je l’expliquais dans le premier article, la lumière provoque une réaction dans l’émulsion, et au développement, les zones les plus éclairées fixent davantage de grains d’argent.


Cependant, cette réaction n’est pas linéaire : au-delà d’un certain point, doubler la lumière ne double pas la densité d’argent.


Résultat : une image légèrement surexposée reste exploitable, l’information est toujours présente sur le négatif (ou le positif). En revanche, si la pellicule n’a pas reçu assez de lumière, la réaction chimique est incomplète, et l’information est définitivement perdue.

Et cette perte se fait sentir très vite : sur la plupart des films, une sous-exposition d’un seul diaphragme suffit à dégrader la qualité, et deux diaphragmes rendent souvent la photo inutilisable.

Ce n’est pas dramatique, mais c’est une habitude à prendre : en argentique, évitez toujours la sous-exposition. En cas de doute, mieux vaut surexposer légèrement. Cela ne signifie pas qu’il faut négliger la mesure de lumière, simplement qu’il vaut mieux pencher du côté lumineux que du côté sombre.

C’est d’ailleurs pour cela que vous croiserez souvent l’expression « exposer pour les ombres ».Cela signifie qu’il faut mesurer la lumière dans les zones les plus sombres de votre scène afin de garantir qu’elles soient bien exposées sur la pellicule. Si les parties claires reçoivent un peu trop de lumière, ce n’est pas grave : la pellicule saura très bien le gérer.


4. L'évaluation de l'exposition en photographie argentique


En photo numérique, nous bénéficions du confort d’une mesure d’exposition extrêmement fiable, rarement prise en défaut. Les appareils offrent différents modes de mesure de la lumière, ainsi qu’une correction d’exposition facile à ajuster pour éclaircir ou assombrir une image à volonté.


Et surtout, nous avons un atout majeur : la vérification immédiate du résultat, voire en temps réel sur un boîtier hybride. Bref, une fois les bases acquises, il est quasiment impossible de rater son exposition.


En argentique, la situation est tout autre : vous n’avez aucun moyen de contrôle instantané. Il faut donc faire confiance à la cellule de votre appareil, et pour cela, apprendre et comprendre son fonctionnement.

Il n’existe pas de règle universelle, car le marché des appareils argentiques est extrêmement varié : on trouve aussi bien de vieux modèles totalement manuels, sans aucune assistance, que des appareils récents dotés de cellules très précises, comparables à celles des boîtiers numériques modernes.


Si vous utilisez un appareil récent, sa mesure d’exposition sera généralement fiable et efficace. En revanche, avec un modèle plus ancien, plusieurs cas de figure peuvent se présenter :


Cas numéro 1 : L’appareil sans cellule intégrée


Dans ce cas, deux options s’offrent à vous :


1. Utiliser une cellule externe (ou un posemètre)

Vous pouvez mesurer la lumière de la scène avec une cellule indépendante, puis reporter les réglages manuellement sur votre appareil. La solution la plus simple aujourd’hui consiste à utiliser votre smartphone : de nombreuses applications gratuites permettent de mesurer l’exposition. Il suffit de pointer le téléphone vers la scène, d’indiquer la sensibilité ISO de votre pellicule, et l’application vous donnera les réglages recommandés, que ce soit pour la lumière ambiante ou pour une zone spécifique (comme les ombres). Cela fonctionne très bien et ne demande aucun matériel supplémentaire.


Il existe aussi des posemètres dédiés, qui offrent une mesure plus précise, notamment grâce au petit globe blanc servant à capter la lumière incidente (celle qui éclaire directement le sujet). C’est un outil très apprécié des photographes de portrait, car il permet de garantir des tons de peau équilibrés.


L’inconvénient : c’est un achat supplémentaire et un accessoire de plus à transporter.


Posemètre Amazon.

2. Estimer l’exposition à l’œil

Cela peut paraître impossible au début, mais il existe une méthode simple et universelle pour ça.


En résumé :

  • En plein soleil, à f/16, si vous utilisez une pellicule 100 ISO, réglez la vitesse sur 1/100.

  • Avec une pellicule 400 ISO, choisissez 1/400.


Et si la lumière change, il suffit d’adapter l’ouverture :

  • f/11 → temps légèrement voilé

  • f/8 → ciel nuageux

  • f/5.6 → temps couvert

  • f/4 → ombre ou coucher de soleil

  • f/2.8 → crépuscule


Bien sûr, si vous souhaitez shooter à une autre ouverture, il faudra ajuster la vitesse en conséquence, un petit exercice mental auquel on s’habitue vite.

Cette méthode, aussi simple qu’ancienne, reste un excellent repère en cas d’urgence… même si, soyons honnêtes, il est beaucoup plus pratique d’avoir un appareil avec cellule intégrée (ou, à défaut, d’utiliser votre smartphone pour mesurer la lumière).


Je ne vous cache pas que j'ai trouvé ces informations sur Internet, je ne le savais pas 😉.


Cas numéro 2 : Un appareil équipé d’une cellule, mais sans mode semi-automatique


Aujourd’hui, nous sommes habitués aux modes priorité ouverture (A/Av) et priorité vitesse (S/Tv). Mais à l’époque, ce n’était pas toujours le cas. Certains appareils disposent bien d’une cellule de mesure de lumière, mais sans automatisme : elle se contente d’indiquer l’exposition, à vous de faire les réglages manuellement.


Concrètement, la cellule vous informe visuellement, souvent à l’aide d’une aiguille dans le viseur, si votre image risque d’être sous-exposée ou surexposée. Il vous suffit alors de faire varier l’ouverture ou la vitesse d’obturation jusqu’à ce que l’indicateur se place au centre, signe d’une exposition correcte.

Et c’est tout ! C’est d’ailleurs le même principe que le mode manuel sur les appareils numériques modernes : la cellule mesure la lumière, vous ajustez les réglages, et vous contrôlez l’équilibre de l’exposition.


Un appareil avec un ou plusieurs modes de priorité :


Sur les modèles plus récents (à partir des années 70), on trouve souvent des modes semi-automatiques : priorité ouverture, priorité vitesse, voire les deux. Dans ce cas, le fonctionnement est identique à celui du numérique, inutile donc de s’y attarder davantage ! 🤗


5. Faire la mise au point en argentique


Contrairement à l'idée que l’on peut se faire de l’argentique, de nombreux appareils disposaient d’un autofocus, et il est encore possible d’en trouver d’occasion à des prix raisonnables, je pense par exemple au Nikon F100 ou au Canon EOS 3.


Cependant, il est tout à fait possible, et parfois souhaitable, de choisir un appareil à mise au point manuelle. Pas par goût de la difficulté, mais pour d’autres raisons bien précises.


J’en vois principalement deux :

  1. Photographier en moyen ou grand format : dans ce cas, l’usage de la mise au point manuelle est presque incontournable. Certains moyens formats avec autofocus existent, mais ils sont très coûteux.

  2. L’esthétique et le plaisir de l’objet : si vous souhaitez retrouver des appareils au design élégant, fabriqués dans des matières nobles et au look intemporel, vous serez souvent amené à opter pour un modèle à mise au point manuelle.


Appareil photo Olympus.

Si vous devez faire la mise au point manuellement et que vous n’y êtes pas habitué, cela peut sembler un peu étrange au début. Mais rassurez-vous : ce n’est pas insurmontable, d’autant plus que plusieurs aides à la mise au point ont été développées pour guider le photographe.


Les verres de visée des reflex


Si vous utilisez un reflex argentique, vous remarquerez souvent dans le viseur un cercle central qui réagit de façon particulière lorsque vous ajustez la mise au point. Au premier abord, cela peut paraître mystérieux.


En réalité, ce que vous observez est le verre de visée, ou dépoli, situé juste en dessous du prisme. Sur les reflex numériques modernes, ce verre n’est plus directement visible.

Mais sur de nombreux reflex argentiques, il était possible d’enlever le prisme, ce qui permettait d’accéder directement au dépoli et même de le changer, mais cela relève d’une autre histoire.


Prism sur appareil argentique.

Selon les verres, vous aurez principalement accès à deux aides pour la vision, qui sont généralement utilisées conjointement :


1. Le stigmomètre

Derrière ce terme un peu technique se cache un mécanisme assez simple, visible généralement au centre du viseur sous la forme d’un disque divisé en deux parties, avec une ligne bien marquée au milieu. En anglais, il est appelé “split screen”, littéralement « écran divisé », ce qui décrit très bien son fonctionnement.

Son utilisation est intuitive.


Prenons un exemple : vous voulez faire la mise au point sur un mur.

Si la ligne du stigmomètre est horizontale, cherchez une ligne verticale sur le mur. Tant que la mise au point n’est pas correcte, cette ligne apparaîtra cassée ou décalée dans le viseur. Il suffit alors de tourner la bague de mise au point jusqu’à ce que la ligne devienne continue. Et voilà, la mise au point est faite !


2. Le microprisme

Un autre outil que l’on retrouve souvent sur le verre de visée est le microprisme, généralement disposé en anneau autour du stigmomètre lorsqu’un appareil en possède les deux.


Son avantage principal est qu’il ne dépend pas de l’orientation de l’appareil et qu’il ne nécessite pas de trouver une ligne spécifique pour faire la mise au point. C’est pourquoi il constitue un excellent complément au stigmomètre, même s’il est un peu moins précis.


Le fonctionnement est simple : les zones hors mise au point apparaissent légèrement scintillantes. Dès que la mise au point est correcte, ce scintillement disparaît et le microprisme devient transparent. Moins précis qu’un stigmomètre, il reste très pratique dans les situations où aucune ligne distincte n’est disponible, ce qui explique pourquoi de nombreux appareils combinent les deux systèmes.


3. La visée télémétrique

Ce que j’ai décrit précédemment concerne les reflex, mais il existe d’autres types d’appareils. Parmi eux, certains utilisent une visée télémétrique. Si vous n’avez pratiqué que le numérique, cela peut sembler étrange (sauf si vous êtes utilisateur de Fuji) : vous ne regardez pas à travers l’objectif, comme sur un reflex. Pour rappel, sur un reflex, la lumière passe par l’objectif, rebondit sur le miroir puis dans le prisme pour atteindre votre œil. C’est ce que l’on appelle la visée TTL (Through The Lens, littéralement « à travers l’objectif ») ou plus simplement visée reflex.


Avec un appareil télémétrique, le viseur est décalé sur le côté et simule ce que vous verriez avec un reflex. L’avantage principal ? Cela permet de fabriquer des appareils beaucoup plus compacts, comme les célèbres Leica.


Leica M6.
Source : Leica.

Comment ça fonctionne ? C’est assez simple : au centre du viseur, l’image apparaît en double, un peu comme lorsque vous voyez double après une soirée bien arrosée. En ajustant la bague de mise au point, les deux images vont se superposer pour former une seule image nette : c’est le moment où vous savez que la mise au point est correcte.


Petit détail : pour que cela fonctionne correctement, le sujet doit être suffisamment contrasté. Il faut donc un peu de pratique pour s’habituer à ce type de visée.



Voilà, c'étaient les différences entre la photographie argentique et numérique ! Je pense que cela pourra également vous aider si vous souhaitez vous lancer dans l'argentique.


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