Le viseur électronique des hybrides : flop ou dinguerie ?
- Quentin

- 15 juil.
- 11 min de lecture

Je pense que la question est vite répondue… 😏 Ou peut être pas en fait.
C'est comme toutes les révolutions. Certains adorent et vivent avec leur temps, d'autres photographie encore à l'argentique.
C'est vrai que si vous souhaitez acheter un nouvel appareil photo en 2025, et même à l'avenir, il y a de fortes chances que vous preniez un appareil sans miroir (ou hybride).
Et ce, pour plusieurs raisons : déjà, ce sont pratiquement les seuls appareils qui sortent depuis ces dernières années, et surtout parce qu'ils embarquent les meilleures technologies qui nous sont bien utiles et agréables à utiliser au quotidien.
Dans cet article, je vais vous dire pourquoi je trouve l'une d'elles incroyable, et pourquoi je ne pourrai plus m'en passer. Je veux parler du viseur électronique des hybrides.
Tout d’abord, revenons sur la différence technique entre viseur optique et viseur électronique. 😉
La visée optique

La visée optique, caractéristique des appareils reflex, vous permet de regarder directement à travers l’objectif grâce à un système de miroirs et de prisme. La lumière entre par l’objectif, rebondit sur un miroir, puis est redirigée vers un prisme situé dans la « bosse » du boîtier, avant d’atteindre votre œil.
Résultat : vous voyez en temps réel exactement ce que voit l’objectif, sans décalage.
En plus de l’image, le viseur affiche en surimpression des éléments utiles comme les collimateurs autofocus, ainsi que les réglages d’exposition (vitesse, ouverture, ISO) généralement visibles en bas de l’image.
Lorsque vous déclenchez, le miroir se relève brièvement, libérant le passage de la lumière vers le capteur : c’est à ce moment-là que la photo est prise.
Le viseur électronique

La visée électronique, utilisée sur les appareils photo hybrides, fonctionne différemment de la visée optique des reflex.
Ici, la lumière entre toujours par l’objectif, mais elle n’est pas déviée par un miroir : elle arrive directement sur le capteur. Ce dernier transmet alors l’image au processeur, qui l’affiche en temps réel sur l’écran arrière ou dans le viseur électronique — qui est, en réalité, un minuscule écran intégré.
L’un des grands avantages de ce système, c’est la flexibilité qu’il offre. Puisque l’image est traitée numériquement, l’appareil peut y appliquer des effets avant même la prise de vue (par exemple, afficher une prévisualisation en noir et blanc). De plus, vous pouvez superposer des informations utiles comme l’histogramme, la mise au point manuelle assistée (focus peaking), les zebras, etc.
Et puisque le viseur électronique est un écran, les mêmes possibilités s’appliquent si vous cadrez directement avec l’écran arrière.
Ça n'a pas toujours été bien, pourquoi ?
Avant l’arrivée des appareils hybrides, les viseurs électroniques étaient principalement réservés aux compacts et aux bridges. Leur conception économique limitait les investissements dans la qualité du viseur, souvent peu précis et peu lumineux et il faut dire que les technologies de l’époque ne jouaient pas en leur faveur.
Mais avec les progrès dans les technologies d’affichage et le succès croissant des hybrides, parfois bien plus haut de gamme, la qualité des viseurs électroniques s’est nettement améliorée. Aujourd’hui, certains modèles offrent un confort de visée remarquable, rivalisant avec celui des viseurs optiques.
Et ce n’est pas tout : les viseurs électroniques présentent de nombreux atouts en pratique. Pour ma part, depuis que je travaille majoritairement avec des hybrides, revenir à un viseur optique me paraît bien moins intuitif et agréable !
Les avantages du viseur électronique :
voir à quoi la photo va ressembler avant déclenchement
Cet avantage englobe en réalité de nombreux bénéfices, mais il mérite d’être souligné clairement. L’un des principaux défis avec un viseur optique, notamment pour les débutants, c’est qu’il montre la scène telle que vos yeux la perçoivent et non pas telle que la verra le capteur de l’appareil. Or, la vision humaine est bien plus tolérante aux écarts de lumière que celle d’un capteur.
Par exemple, votre œil peut très bien distinguer des détails dans les ombres tout en percevant les hautes lumières, alors que l’appareil photo risque de brûler les blancs ou de perdre les détails dans les zones sombres.
Avec un viseur électronique, vous voyez une simulation directe de l’image finale, exactement comme le capteur l’enregistrera. Si l’exposition est mauvaise, vous le verrez immédiatement à l’écran : blancs cramés, ombres bouchées… Cela vous permet de corriger vos réglages en temps réel, d’éviter les erreurs, de gagner du temps en post-traitement, et d’économiser de l’espace sur votre carte mémoire.
En somme, c’est un gain de confort et d’efficacité à tous les niveaux.
Contrôle précis de l'exposition
Ce qui m’amène à ce que je considère comme le plus grand atout de la visée électronique : la possibilité de contrôler précisément l’exposition avant même de déclencher.
Grâce à l’affichage sur écran ou dans le viseur électronique, vous pouvez superposer des outils essentiels comme l’histogramme, directement en temps réel. Si vous avez lu mon article sur le sujet, vous savez que c’est l’outil le plus fiable pour évaluer l’exposition de manière précise. Voir cet histogramme avant la prise de vue est un vrai confort : s’il indique des hautes lumières brûlées, il vous suffit d’ajuster rapidement vos réglages, par exemple avec la correction d’exposition.
L’histogramme peut toutefois être un peu petit dans le viseur, ce qui le rend parfois difficile à lire. C’est là qu’intervient une autre option très utile : les zébras.
Une fois activés, ils affichent des rayures diagonales sur les zones surexposées de l’image.
Résultat : vous repérez immédiatement les parties potentiellement cramées, et vous pouvez ajuster vos réglages en conséquence. Un outil simple, visuel, et redoutablement efficace pour éviter les mauvaises surprises. Alors pour être tout à fait franc avec vous, je ne l'utilise pas (ou pas encore) pour la photographie, mais plus pour la vidéo. En vidéo, l'outil de zebra est incroyable ! En photo, l'histogramme me suffit largement. Il est aussi tout à fait possible que l'option de zebra ne soit pas disponible sur votre appareil. Ça dépend des marques, des modèles…

À noter qu'il faut les régler selon ce que vous souhaitez exposer. Ça peut changer si votre sujet est un humain, selon sa couleur de peau et aussi si c'est juste pour du paysage. Moi, j'ai réglé les zebras en "limite max : +94".
Je trouve que c'est une bonne valeur pour voir quand les hautes lumières commencent à perdre de l'information en S-Log 3. Si c'est pour exposer un sujet humain, j'ai pu voir sur Internet qu'on serait plus sur des valeurs entre +50, +70…
Ça, c'est vraiment pour être très précis, rien que la valeur de +94 est déjà très bien dans la majorité des cas.
Utiliser d'autres ratios d’aspect à la prise de vue

J’en avais déjà parlé dans un précédent article : le ratio d’aspect, ou format d'image joue un rôle essentiel dans la composition d’une image. Toute la dynamique visuelle change selon que l’on photographie en 3:2, en carré (1:1), 4:3, 16:9, etc.
L’équilibre, la tension, la lecture de l’image ne sont plus les mêmes.
Alors oui, bien sûr, on peut toujours recadrer en post-traitement. Mais rien ne vaut le fait de composer directement dans le bon format dès la prise de vue. C’est bien plus pertinent de penser son image pour un format précis, plutôt que d’essayer d’imaginer ce que ça pourrait donner plus tard en carré ou en panoramique.
Personnellement, c’est une fonctionnalité dont je me passe difficilement aujourd’hui. Je photographie le plus souvent en 4:3, parce que je trouve ce dernier super bien équilibré, j'adore son rendu et il faut le dire, c'est un format qui se rapproche du 4:5 vertical d'Instagram. Donc j'aurais très peu à recadrer pour partager l'image par la suite.
Note : Instagram gère le 4:3 également depuis quelque temps, raison de plus !
Mais j’adore pouvoir passer en format carré si le sujet s’y prête, ou encore basculer en 16:9 quand une scène raconte mieux son histoire dans un cadre plus large.
Bref, c’est un outil simple mais puissant, qui ouvre la porte à plus de créativité, et pour une fois, c’est une option technique qui a un véritable impact artistique.
Et pour ceux qui se posent la question : si vous shootez en RAW, pas d’inquiétude. Lors du post-traitement (dans Lightroom par exemple), l’image est bien affichée avec le recadrage choisi à la prise de vue, mais vous pouvez toujours revenir en arrière et récupérer toute l’image capturée par le capteur. 😉
Attention : ne confondez pas le ratio d'aspect/format de l'image (ce dont on vient de parler), et la résolution d'une image/vidéo.
1920 x 1080 qui est une résolution c'est du 16:9, mais 3840 x 2160 c'est aussi du 16:9.
La résolution est définie par le capteur, par exemple 61 mégas pixel. Pour la vidéo, on filme rarement avec autant de pixels… Mais on va plus filmer en UHD (3840 x 2160), "8K" (7 680 pixels x 4 320 pixels). Je ne vais pas toutes les faire hein. 😏
Voilà, je tenais juste à préciser cela.
Photographier directement en noir et blanc

Un des atouts bien pratiques du viseur électronique, c’est qu’il vous permet d’afficher directement l’image dans le style que vous souhaitez, par exemple en noir et blanc. Et oui, l’image s’affichera telle quelle dans le viseur.
Pas d’inquiétude : si vous photographiez en RAW, les couleurs seront toujours récupérables au post-traitement.
Quel est l’intérêt, me direz-vous ? Eh bien, voir en noir et blanc permet d’éliminer la "distraction" des couleurs et de mieux percevoir les contrastes de lumière. On distingue instantanément où se trouvent les zones claires, les ombres, les masses lumineuses. Or, ces contrastes de tonalité sont essentiels pour composer une image équilibrée et percutante.
Bref, c’est un excellent outil pour affiner son regard, surtout si vous aimez jouer avec la lumière.
Inutile de vous préciser que je préfère 1 000 fois la couleur au noir & blanc, mais quand même ! Je me suis surpris à passer quelques images dans ce mode dernièrement, et c'est franchement très cool. J'ai même créé un joli presets Lightroom. 😉
Notez que je parle du noir et blanc, mais ça peut être un autre style d’image : Vivid pour des couleurs plus éclatantes, sépia, etc.
La mise au point manuelle devient un bonheur à utiliser

La plupart du temps, vous utiliserez l’autofocus (la mise au point automatique) de votre appareil. C’est efficace, simple, et il n’y a généralement aucune raison de s’en priver.
Mais parfois, il faudra reprendre la main en mise au point manuelle : quand le premier plan est trop encombré et que l’appareil s’obstine à faire la mise au point dessus, quand la lumière manque, ou encore en vidéo.
Bref, ça peut arriver. Pas toujours pratique, mais heureusement, deux outils peuvent vous sauver la mise :
La loupe de mise au point : elle s’active dès que vous tournez la bague, et agrandit une zone de l’image (souvent x5 ou x10). Idéal pour vérifier que les détails — comme les poils de nez de votre sujet sont bien nets.
Le focus peaking : ce système surligne en couleur les zones nettes de votre image. Sur mes Sony, c’est rouge, mais chez vous ça peut être vert, rose ou violet, allez savoir. L’avantage c’est que les zones nettes deviennent instantanément visibles, ce qui rend la mise au point manuelle bien plus rapide et précise.

Autant dire que sans ces deux alliés, la mise au point manuelle serait une vraie galère.
J'ai personnellement désactivé la loupe. Je trouve le focus peaking tellement plus fort et bien pensé. Je l'active en focus manuel pour la photo, et je l'active constamment en vidéo, focus manuel ou non !
Le mode silencieux
Il y a des moments où le silence est d’or, même en photographie.
Que ce soit pendant un concert de musique classique, en photo de rue, ou encore en photographie animalière, le bruit du déclencheur peut poser problème.
Les reflex un peu haut de gamme proposent depuis longtemps un mode silencieux, qui atténue le claquement du miroir. Mais cela implique souvent un ralentissement de la rafale : pour vous permettre de continuer à viser, le miroir doit se rabaisser à chaque photo. Et cette mécanique, aussi ingénieuse soit-elle, a ses limites. Vous devez choisir entre un bruit de rafale façon Boeing 737 ou une lenteur frustrante digne des débuts du numérique. (ou de mon A7 RV, environ 7 ou 8 images seconde en 2025 😏.)
Avec les appareils hybrides, plus de miroir = plus de contrainte mécanique.
Résultat : un véritable mode silencieux, où le déclenchement est pratiquement inaudible (complètement sur certains modèles). Comment ça marche ? Grâce à l’obturateur électronique, qui demande simplement au capteur de commencer et d’arrêter l’exposition à un moment précis, sans bouger la moindre pièce physique.
Et bonus : vous conservez toute la vitesse de rafale. Pas mal, non ? D'ailleurs, en obturateur électronique, certains appareils rafale sévère au niveau du nombre d'images par seconde. En photographie, pas mal d'appareil font du 15, 20, 30 images seconde parfois même plus.
Petite mise en garde tout de même : en mode silencieux, certaines limitations peuvent apparaître, notamment au niveau de la vitesse d’obturation minimale. Si vous utilisez un flash externe ou que vous cherchez à faire une pose longue, il vaut mieux repasser en mode mécanique.
Voici une liste de certains désavantages de l'obturateur silencieux :
Rolling Shutter :
C’est un des plus gros inconvénients.
Sur encore beaucoup d'appareils, l’image n’est pas capturée en une seule fois (ça dépend du type de capteur en fait, passons !), mais ligne par ligne. Si le sujet ou la caméra bouge rapidement, cela crée des distorsions : lignes penchées, objets déformés (ex : une guitare courbée en concert ou une raquette de tennis "pliée, tordu" en sport).
Banding / Stries lumineuses :
Sous des lumières artificielles (néons, LED, écrans), l’obturateur électronique peut créer des bandes horizontales sombres ou claires à cause du déphasage entre la fréquence de la lumière et la lecture du capteur lors de la prise de vue.
Ce problème est courant en intérieur, en concert ou sur des plateaux de tournage mal éclairés.
Résultat : photo partiellement éclairée, qui présente des bandes disgracieuses sur l'image finale… Et puis c'est très moche à regarder faut le dire.
Réduction de la dynamique et du rendu dans certains cas
Sur certains boîtiers, l’obturateur électronique peut réduire légèrement la plage dynamique ou modifier le rendu des hautes lumières, notamment à cause du mode de lecture du capteur.
Pas toujours disponible dans tous les modes
Certains boîtiers limitent les fonctions disponibles en obturateur électronique : rafale, HDR, bracketing, etc.
Alors cet obturateur est à utiliser avec modération et en toute connaissance. 🙏
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Bien mieux en vidéo

Je sais que tout le monde ne filme pas avec son appareil, donc je vais faire court.
Si vous avez déjà tenté de faire de la vidéo avec un reflex, vous savez à quel point cela peut être contraignant : impossible d’utiliser le viseur optique, puisque le miroir empêche la lumière d’atteindre le capteur.
Résultat : vous devez composer avec l’écran arrière.
Et en plein soleil, on ne va pas se mentir, c’est l’enfer ! L’écran devient presque illisible. C’est là qu’intervient le viseur électronique. Il vous permet de filmer confortablement, l’œil dans le viseur, quelle que soit la luminosité ambiante, tout en gardant un œil sur les infos essentielles (comme les niveaux audio par exemple).
Alors oui, en vidéo, on recommande plutôt de filmer à l’écran (désormais plus grands et plus lumineux), c'est plus agréable pour faire des mouvements fluides et une meilleure stabilité/prise en main. Mais dans certaines situations, avoir le choix du viseur reste un énorme avantage. Et bien sûr, tout dépend de quelle caméra on utilise. Certains viseurs sont très performants pour de grosses caméras.
Bref, vous l’avez compris, je suis convaincu par le viseur électronique, surtout pour tout ce qu’il apporte en créativité à la prise de vue. Certes, il existe encore quelques limites (comme un très léger décalage d’affichage sur certains modèles), mais les appareils actuels haut de gamme ont quasiment éliminé ces défauts.
Un dernier conseil : selon la marque et la gamme de votre boîtier, toutes les fonctions ne seront pas forcément disponibles. Si vous n’avez pas les zébras, utilisez l’histogramme ; et si une fonction vous semble indispensable, vérifiez sa présence avant l’achat. 😉
En espérant que ça vous éclaire sur les avantages de l’hybride et de son viseur électronique ! N’hésitez pas à poser vos questions ou à partager vos retours d’expérience 👇
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