top of page

Comment gérer les photos à fortes dynamiques ? (Trop de lumière, trop d'ombre…)


Gérer les photos à fortes dynamiques.

Les scènes très contrastées font partie des premiers défis auxquels on se heurte lorsqu’on débute en photo. C’est souvent le cas lorsqu’on essaie de capturer un paysage en plein soleil ou une pièce intérieure avec des fenêtres dans le cadre.


Résultat : les hautes lumières sont « cramées » (tout est blanc), ou les ombres « bouchées » (tout est noir), parfois même les deux.


Mais pourquoi est-il si difficile d’exposer correctement ce type d’image ? Et surtout, comment s’en sortir ? Dans cet article, je vais d’abord vous expliquer d’où vient ce problème, puis vous proposer des solutions concrètes pour apprendre à mieux gérer ces situations fréquentes.


C'est parti, nous allons voir comment gérer les photos à fortes dynamiques !


Gérer les photos à fortes dynamiques : pourquoi l’appareil ne voit-il pas comme nous ?


Si autant de photographes rencontrent des difficultés avec ce type de scène, c’est parce que le problème est assez contre-intuitif. Prenez un exemple : un monument dans l’ombre avec un ciel très lumineux en arrière plan.


Pour nous, pas de souci : nos yeux perçoivent naturellement les détails dans toutes les zones, claires comme sombres. Mais dès que vous prenez la photo, votre appareil semble complètement dépassé.


Alors pourquoi votre boîtier dernier cri (ou pas d'ailleurs, mais ça sera pire dans ce cas-là !) semble voir comme une mamie de 90 ans comparé à vos yeux ? Tout simplement parce que, malgré les énormes progrès des capteurs numériques, ils restent encore loin derrière la performance de notre vision humaine, notamment en matière de plage dynamique. En clair, ils ont beaucoup plus de mal à enregistrer à la fois les détails dans les ombres profondes et dans les hautes lumières.


Qu’est-ce que la plage dynamique ?


La plage dynamique d’une scène correspond à l’écart de luminosité entre les zones les plus sombres et les plus claires de l’image. Quand je parle de « scène », je fais simplement référence à ce que vous voyez dans le cadre de votre appareil photo. Cette plage se mesure en IL (Indice de Lumination), aussi appelés EV, stops ou diaphragmes. Tous ces termes signifient la même chose. Si ces notions ne vous sont pas encore familières, je vous recommande vivement de lire mon article sur l’indice de lumination et la correction d’exposition : ça peut sembler technique au début, mais c’est en réalité très simple… et essentiel pour la suite.


Dans cet article, j’utiliserai le terme IL par souci de clarté.

Petit rappel utile : +1 IL signifie que la luminosité double. Par exemple, une scène avec une plage dynamique de 1 IL a une zone claire 2 fois plus lumineuse que la plus sombre. À 2 IL, c’est 4 fois plus lumineux, à 3 IL, 8 fois, etc.


Dans la pratique, la plupart des scènes qu’on photographie au quotidien ont une plage dynamique située entre 8 et 15 IL environ.


Photo de paysage.
Forte dynamique : ombre très prononcée sous la montagne, ciel très clair.

Là, la photo a été corrigée en post-traitement, donc ça reste bien équilibré et agréable à l'œil. Vous comprenez tout de même le principe 🤗.


Photo de paysage.
Faible dynamique : la photo est relativement grise, rien de cramé ni de trop sombre. On augmentera le contraste en post-traitement.

La plage dynamique du capteur (pas que)


On peut aussi appliquer la notion de plage dynamique à ce qui reçoit la lumière, comme l’œil humain ou le capteur d’un appareil photo. Dans ce cas, la plage dynamique correspond à l’amplitude de luminosité que ce capteur est capable d’enregistrer sans perdre totalement les détails, aussi bien dans les ombres que dans les hautes lumières.


À titre de comparaison, l’œil humain a une plage dynamique d’environ 24 IL (avec des variations selon les individus), tandis que les capteurs photo numériques actuels tournent en moyenne autour de 12 IL, avec des extrêmes allant de 10 à 16 IL.

Vous comprenez donc pourquoi un capteur peine à restituer tous les détails dans une scène très contrastée : il voit bien moins « large » que notre œil.

Et comme on l’a vu, certaines scènes peuvent afficher une dynamique de 15 IL ou plus, ce qui dépasse la capacité du capteur. Dans ce cas, on dit que la dynamique de la scène est supérieure à celle du capteur.


Œil d'une femme.

Résultat ? Le ciel devient tout blanc, les ombres sont complètement noires… bref, des pertes de détails inévitables si l’on ne fait rien pour compenser (mais on va voir comment y remédier !).


La mesure de la lumière


Avant d’entrer dans le vif du sujet, je dois faire un petit rappel sur la mesure de la lumière.

Quand votre appareil règle automatiquement l’exposition (en modes auto ou semi-auto, donc tout sauf le mode Manuel M), il utilise une cellule pour analyser la lumière de la scène. Son but : faire des crêpes… Non. Faire en sorte que la photo ne soit ni trop sombre, ni trop claire. 😌


Comment fait-il ? Il s’appuie sur un principe simple : il tente de ramener la luminosité globale de l’image à celle d’un gris moyen. Parce que statistiquement, c’est ce qui fonctionne dans la majorité des situations.


Résultat : si vous photographiez un mur blanc, un mur gris ou un mur noir en exposition auto, votre appareil va tout ramener à du gris moyen. Et donc fausser le rendu réel.


Cela s’applique surtout avec le mode de mesure évaluative (ou matricielle), qui évalue la lumière sur l’ensemble de l’image. Il existe d’autres modes (spot, pondérée, etc.), mais on ne va pas s’y attarder ici. Si vous avez besoin d’un rappel, j’ai un article dédié aux modes de mesure.


Revenons à notre problème. Dans une scène très contrastée, votre appareil va chercher à obtenir un gris moyen sur l’ensemble, ce qui signifie, la plupart du temps… qu’il va surexposer le ciel et le cramer complètement.

Autrement dit, si vous laissez faire l’appareil, vous perdez les hautes lumières. Il va donc falloir reprendre le contrôle, et on va voir ensemble comment faire !


Comment faire concrètement ?


Pour gérer ce genre de lumière difficile, il existe deux grandes approches :


  • Réduire la plage dynamique de la scène directement à la prise de vue, pour qu’elle tienne dans les limites du capteur.

  • Retoucher en post-production pour tenter de récupérer artificiellement du détail dans les zones cramées ou bouchées.


Avant de parler de réglages, d’accessoires ou de logiciels, commençons par la base… C'est à vous de vous déplacer !


Oui, c’est tout bête, mais souvent très efficace. Quand j’étais petit, on m’a appris qu’il ne fallait pas photographier un paysage en plein contre-jour, avec le soleil dans la figure. Ce conseil reste souvent vrai : si la lumière est mauvaise, vos photos auront du mal à être bonnes.


Il ne faut pas s’étonner d’avoir un résultat moyen si vous shootez un bâtiment à midi, en plein cagnard, avec des ombres dures et écrasées. Dans ces conditions, vous n’aurez jamais un rendu digne des plus belles images, tout au plus une photo correcte. Il faudra la corriger en post-traitement en plus !


Les superbes clichés que vous voyez sur les réseaux sont souvent faits dans des conditions idéales : lumière douce du matin ou du soir, météo favorable (parfois même légèrement couverte), trépied, cadrage précis… et aucun touriste chiant bien sûr 😏 ! Je divague… ("vague")


Et cette belle lumière, elle ne tombe pas du ciel au hasard : les photographes de paysage repèrent souvent leurs lieux à l’avance, y retournent plusieurs fois, ou attendent patiemment les bonnes conditions, parfois en dormant sur place.


Bref, le bon sens est votre meilleur allié. Si vous shootez en pleine journée parce que vous n’avez pas le choix, soyez indulgent avec vos résultats. Et si vous pouvez attendre le bon moment, vos photos n'en seront que plus belles.


Filtre photo gradué.

Filtre photo gradué.

Filtre photo gradué.

La première solution technique, bien connue des photographes depuis l’époque de l’argentique, consiste à assombrir la zone trop claire de l’image afin de la faire « rentrer de force » dans la plage dynamique du capteur.


Pour cela, on utilise un filtre gris neutre dégradé. Ce filtre est composé d’une partie grise (qui bloque une partie de la lumière) et d’une partie totalement transparente. Entre les deux, un dégradé progressif (ou pas d'ailleurs, ça dépend des filtres) permet une transition douce, d’où son nom.

Concrètement, il suffit de placer la zone sombre du filtre sur le ciel, directement devant l’objectif. Vous verrez immédiatement l’effet dans le viseur. Il faut bien sûr choisir l’intensité du filtre (c’est-à-dire à quel point il assombrit), ainsi qu’un dégradé plus ou moins doux selon la scène.


L’histogramme peut vous aider à affiner votre exposition.


Lorsqu’il est bien utilisé, ce filtre permet d’obtenir un rendu naturel et esthétique, sans effort de retouche important en post-production. En revanche, cela demande un peu de matériel (filtres, porte-filtre, trépied), et ce n’est pas adapté à toutes les scènes : par exemple, si vous avez une ligne d’horizon irrégulière (arbres, montagnes, bâtiments), le filtre droit ne pourra pas faire de miracle.


Mais dans les bonnes conditions, c’est une technique redoutablement efficace.


Photo de paysage.

Sur cette image ci-dessus, j'ai reproduit l'effet d'un de ces filtres, mais sur Lightroom avec un masque linéaire. En fait, je viens assombrir le ciel de mon image, mais également et légèrement la montagne en fond qui touche presque le ciel.


Selon l'intensité du filtre, ça peut très bien vous convenir.


Avec les filtres IA paysage d'Adobe Lightroom, l'intelligence artificielle en général, etc. C'est de plus en plus simple de travailler l'image uniquement dans certaines parties, sans avoir forcément de filtre.


Faire appel au post-traitement pour retrouver des valeurs acceptables


Aujourd’hui, les logiciels de post-traitement permettent de faire de vraies merveilles. Et à mon sens, il serait dommage de s’en priver… à condition de rester raisonnable et de garder un rendu naturel. La technique que je vais vous présenter dépend avant tout de la plage dynamique réelle de la scène.

Si cette plage est seulement un peu plus large que celle de votre capteur, une seule photo bien exposée peut suffire pour obtenir un bon résultat. C’est d’autant plus pratique que vous n’aurez pas besoin de matériel supplémentaire comme un trépied, des filtres… et que cela fonctionne même à main levée.


Cette approche est aussi valable lorsque la scène est très contrastée, mais reste encore dans les limites extrêmes de votre capteur. Par exemple, si la dynamique de la scène atteint 11,5 IL et que votre capteur en encaisse 12, alors vous êtes à la limite… mais ça passe. Dans ces situations, l’appareil peut parfois faire un mauvais choix d’exposition : sacrifier le ciel pour préserver les ombres, alors qu’il aurait pu équilibrer les deux.


Petite précision : faire une mesure spot sur le ciel dans ce cas ne vous aidera pas. L’appareil cherchera à rendre le ciel gris moyen, ce qui aura pour effet de boucher inutilement les ombres.

L’objectif, ici, est plutôt de faire l’image la plus lumineuse possible sans jamais « cramer » les hautes lumières. Autrement dit, on accepte de perdre un peu de détail dans les ombres, mais on évite absolument les zones totalement blanches.


Et pour vérifier cela, ne vous fiez pas à l’écran de votre appareil : seul l’histogramme vous donne une information fiable. Un ciel cramé se traduit par un pic collé à l’extrême droite de l’histogramme. C'est ce qu'on appelle en photographie "exposer à droite".


Histogramme photo.
Faible dynamique : l’histogramme n'a pas d'extrême et en général, il faut rajouter du contraste au post-traitement.

Histogramme photo.
Pic à droite : image trop lumineuse.

Histogramme photo.
Pic à gauche : image pas assez lumineuse.

Une forte dynamique, c'est quand vous avez un pic coupé et écrasé à droite de l'histogramme, mais aussi à gauche.


En exposant à droite, c’est-à-dire en poussant l’exposition aussi loin que possible sans couper les hautes lumières (aucun pic collé à droite dans l’histogramme), on maximise la quantité d’informations captées, notamment dans les ombres, tout en préservant les hautes lumières, qui, si elles sont cramées, sont irrémédiablement perdues.


À l’inverse, si l’on choisit d’exposer les hautes lumières « au centre » de l’histogramme par prudence, on sous-expose inutilement l’image, et l’on risque de perdre des détails précieux dans les zones sombres. C'est comme souvent dans la vie, il faut un juste milieu 😏.


Alors aussi pour nuancer le truc : les appareils photo ont vraiment fait des progrès de fou en termes de dynamique, mais aussi en latitude de format "Raw" pour le post-traitement. Genre c'est beaucoup plus facile de traiter une image, on a de plus en plus d'informations (et de pixels aussi) dans les fichiers Raw. Je pense par exemple au appareils Sony de la gamme Alpha. Travailler sur de tel fichiers Raw est un bonheur 🤗.


Pour utiliser cette technique d'exposition à droite efficacement, il est indispensable de photographier en RAW donc. Ce format vous permet de récupérer un maximum de détails lors du post-traitement, en particulier dans les zones sombres et claires. En général, l’image capturée sera un peu trop lumineuse volontairement : il faudra alors réduire les hautes lumières, éclaircir les ombres et ajuster le contraste pour redonner du relief et du peps à l’image.


Oubliez le JPEG dans ce contexte : ce format compressé ne permet pas d’exploiter la technique de l’exposition à droite, car il ne conserve pas assez d’informations dans les extrêmes de l’image.


Enfin, sachez que vous pouvez tout à fait déboucher les ombres en post-traitement sans exposer à droite, mais vous ne pourrez jamais récupérer les hautes lumières cramées. C’est tout l’intérêt de cette méthode : optimiser vos fichiers pour la retouche, afin de tirer le meilleur de chaque scène. Aussi et pour finir avec ça, "trop" déboucher les ombres fera apparaître du bruit numérique. Alors n'hésitez pas à faire une correction de ce dernier, ça se fait de plus en plus facilement avec des logiciels comme Lightroom en photo, et Davinci Resolve en vidéo.



" Découvre les presets Lightroom, les Luts FEELFOREST, et les fonds d'écran pour donner vie à tes images en développement ! "


FEELFOREST - Cinematic Luts
Acheter

FEELFOREST Presets - Master Collection
Acheter

FEELFOREST Fonds d'écran - Mobile
Acheter


La technique du HDR


Il existe une technique spécialement pensée pour ce type de situations : le HDR, pour High Dynamic Range, ou « grande plage dynamique ».


Le principe est simple : prendre plusieurs photos d’une même scène avec des expositions différentes, puis les fusionner ensuite à l’ordinateur. Cela permet de récupérer à la fois les détails dans les ombres et dans les hautes lumières, en étendant artificiellement la dynamique que peut capturer votre appareil.


Un trépied est vivement recommandé pour garantir un cadrage identique sur chaque image, ce qui facilite grandement la fusion des photos par le logiciel.


Concrètement, il suffit de capturer la scène plusieurs fois avec des vitesses d’obturation différentes, tout en gardant la même ouverture pour conserver la profondeur de champ. Vous pouvez faire ça en mode Manuel (M), ou plus simplement en mode priorité ouverture (A/Av), en ajustant la correction d’exposition. L’idéal reste d’utiliser le bracketing automatique d’exposition, disponible sur la majorité des appareils. Sur mon appareil, c'est par exemple disponible, et c'est très intuitif. J'ai juste à renseigner le nombre de photo souhaitée, et aussi les écarts des différentes expositions, souvent exprimés en tiers de STOP ("IL") ou demi IL. (0.3/0.5)


Vous savez quoi ? J'ai déjà fait un article bien complet au sujet du HDR, n'hésitez pas à aller voir. 🤗


Autrefois, on utilisait des logiciels dédiés comme Photomatix Pro, HDR Efex Pro (Nik Software), HDR Fusion Pro (module Photoshop), ou encore Luminance HDR. Ils ont encore leur utilité dans certains cas particuliers, mais la fonction HDR intégrée à Lightroom est aujourd’hui largement suffisante pour la plupart des besoins. Si vous utilisez d'autres logiciels pour le développement et que la fonction HDR est disponible dessus, c'est parfait !


Pour tout vous dire, j'utilise assez peu le HDR d'exposition… je sais pas, je n'aime pas trop le résultat au post-traitement, ça fait toujours des contrastes et couleurs "bizarres", mais c'est peut-être juste moi qui suis nul à chier… Tout est possible 😏.


En fait, je pense qu'il faut faire peu de photographie et y aller relativement tranquille au post-traitement. Je recommande 3 photos : une photo exposée le mieux possible, ni trop sombre, ni trop clair (oui, ça peut être dure selon la dynamique). Une deuxième sous-exposée et la troisième surexposée (afin d'avoir beaucoup de détails dans les ombres).


En revanche, un autre HDR que j'adore, qui ne s'appelle pas du tout HDR d'ailleurs… mais bref ! C'est le "Focus stacking" pour avoir l'intégralité de l'image nette, même à genre, F/4 si on veut. Pratique !



Voilà, j’espère que cet article vous donnera suffisamment de pistes pour réussir au maximum vos photographies à fortes dynamiques.


Partagez l'article, ça fait toujours plaisir.


Rejoignez la NEWSLETTER. C'est gratuit et vous serez prévenu lorsqu'un nouvel article sort et bien plus encore ! Certifié sans spam, pas d'inquiétude.



PS : si vous souhaitez me faire un don, c'est aussi possible ! J'aime que tout le site soit accessible, gratuit, et surtout sans publicités tierces ! Les donations restent un bon moyen de soutien pour moi, surtout pour l'écriture d'article, de vidéo, etc. Alors merci d'avance pour ça !

Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
bottom of page