Guide complet sur la photographie de concert, de festival, de spectacle : matériel, réglages et techniques
- Quentin

- 11 juil.
- 12 min de lecture

Déjà, j'aimerais vous demander de ne pas juger la photo de couverture, 😏 merci.
Si vous souhaitez apprendre la photographie de concert, de festival et de spectacle en tout genre, vous êtes au bon endroit ! Il est vrai que cette pratique demande pas mal de connaissances et un certain matériel dû aux conditions très souvent difficiles.
Nous allons voir tout ça ensemble et pas à pas dans cet article au travers d'un guide complet sur cette pratique de la photographie. Bonne lecture !
Tout sur la photographie de concert, de festival, spectacle, etc.
Des conditions difficiles
Une lumière difficile à maîtriser : la scène est généralement peu éclairée, avec des sources lumineuses limitées à des projecteurs colorés en perpétuel mouvement. Vous devrez composer avec des éclairages instables, des contre-jours fréquents et une luminosité changeante qui complique les réglages.
Des artistes toujours en mouvement : les musiciens et chanteurs ne restent jamais vraiment immobiles. Même lorsqu’ils sont statiques, leurs gestes, expressions ou déplacements rendent la capture du bon moment délicate. Il faut donc anticiper les mouvements et déclencher au bon instant. Shooter avec le mode rafale est donc une bonne option.
Une composition souvent encombrée : les scènes sont remplies d’éléments perturbateurs. Micros, pieds de micro, câbles, retours de scène… Sans oublier la présence d’autres photographes, surtout dans les grands festivals ou concerts énergiques, où tout le monde bouge — sur scène comme en fosse.
Une position de prise de vue à adapter : la place du photographe (C'EST LA COUIISINE) est rarement idéale. Désolé pour ça 😏.
Toutes les salles ne disposent pas de fosse photo ou de barrière de sécurité, ce qui rend votre position parfois inconfortable, voire dangereuse. Il est crucial de ne pas gêner ni le groupe ni le public.
Protégez bien votre matériel : dans certains concerts très dynamiques, les "coups" sont inévitables.
N’oubliez pas que vous pouvez aussi photographier à distance. En vous plaçant plus loin, vous obtenez une vue d’ensemble de la scène, souvent plus lisible et originale.

Ces difficultés sont inhérentes à toutes les salles de concerts, de spectacles, et les scènes de festivals.
Comment photographier en concert ?
Avant tout, il est essentiel de bien connaître son boîtier. Vous devez être capable de passer en mode manuel si nécessaire (ce que je recommande le plus dans cette pratique), et savoir jusqu’où votre appareil peut aller en termes de performance. L’objectif est d’exploiter pleinement son potentiel, en sortant des automatismes pour garder un contrôle total sur vos réglages.
Quels sont les bons réglages pour la photo de concert ?
Un point important à retenir : il n’existe pas de réglage universel qui fonctionne dans toutes les situations. Les réglages proposés dans cet article servent de base, mais il vous revient de les adapter en fonction de votre pratique, des conditions spécifiques de chaque salle de concert, festival, etc. Et de vos intentions artistiques.
Avant que le groupe ne monte sur scène, les techniciens du son et lumière procèdent à des essais. C’est un moment idéal pour observer les ambiances lumineuses à venir et ajuster vos réglages en conséquence. Même si je prépare toujours mes appareils à l’avance, je profite de ces instants pour peaufiner les derniers réglages et faire quelques tests.
Ça, c'est pour une salle de concert fermé. Si c'est une scène en extérieur pour un festival par exemple, ça va être compliqué de faire des réglages avant, parce qu'il y a de fortes chances qu'il fasse encore jour pendant les essais, et nuit pendant que les groupes/artistes font leurs show.
À mes yeux, maîtriser son boîtier "à l’aveugle" — c’est-à-dire sans avoir à le regarder pour changer les réglages, est un atout indispensable en concert. Bien sûr, ça dépend des réglages, mais là en l'occurrence, je parle des réglages plutôt "basiques". Ouverture, vitesse et ISO.

Pour les ISO
Lorsque vous photographiez des concerts ou des événements, il faut s’attendre à rencontrer des conditions de luminosité difficiles. Pourtant, c’est justement cette lumière – changeante, colorée, parfois minimale – qui contribue fortement à l’ambiance visuelle du spectacle. Il faut donc apprendre à la gérer sans la trahir.
Pour ma part, je commence généralement mes réglages à 400 ou 800 ISO, une valeur qui offre un bon compromis entre sensibilité et bruit numérique. Je n’augmente les ISO que si la vitesse d’obturation calculée par l'appareil (avec un mode semi-automatique) devient trop lente, ce qui risquerait de flouter le sujet.
En extérieur ou dans des conditions plus lumineuses, je n’hésite pas à descendre à 100, 200 ou 400 ISO.
Plus votre appareil est récent et performant, plus il pourra monter dans les ISO et garder un bruit numérique acceptable. De toute façon, avec les outils de réduction de bruit numérique, je vous conseille de privilégier une montée dans les ISO… Il vaut mieux un peu plus de bruit qu'un sujet flou dû à une vitesse trop lente. Et comme dit juste avant, il existe beaucoup d'outils pour supprimer le bruit efficacement, rien qu'avec Lightroom par exemple.
Mesure Spot, évaluative ou pondérée centrale ?
La mesure évaluative (ou matricielle) évalue la lumière sur l’ensemble de l’image pour proposer une exposition globale équilibrée. La mesure pondérée centrale, quant à elle, concentre l’analyse sur environ 15 % de l’image, centrée autour du sujet principal. Enfin, la mesure spot se focalise sur une zone très réduite, environ 3 % au centre du cadre, idéale pour exposer précisément un sujet spécifique.
Selon votre appareil, vous pourrez bouger cette mesure spot du centre de l'image, en suivant celui de la mise au point par exemple. Pour se faire je vais dans les réglages → Exposition → Point spotmètre. Je le passe de "centre" à "Lien de point focal."
Pour tout savoir sur les modes de mesure de la lumière, je vous laisse un lien.
En concert, les écarts de lumière sont souvent très marqués et imprévisibles. C’est pourquoi il est important de tester ces différents modes et d’opter pour celui qui correspond le mieux à votre pratique.
Pour ma part, j’utilise systématiquement la mesure spot. Elle me permet d’exposer correctement le sujet, même en conditions lumineuses difficiles ou changeantes, ce qui reste l’essentiel en photo de concert. Il arrive que certaines images soient légèrement surexposées, notamment lorsqu’un projecteur frappe directement l’objectif, mais cela reste rare et généralement gérable en postproduction.
La balance des blancs
Chacun a sa propre méthode de travail, mais photographier en RAW est indispensable, que ce soit en concert ou ailleurs. Ce format offre une grande flexibilité en post-traitement, notamment pour corriger la balance des blancs, ce qui est crucial en conditions de lumière de scène.
Les éclairages rouges, très fréquents en concert, ont tendance à écraser les détails et donnent un rendu peu flatteur. Personne n’apprécie une photo entièrement rougeâtre ! (Enfin si peut être…)
Je laisse généralement la balance des blancs en mode automatique. Les boîtiers Sony gèrent cela très bien, et si le rendu ne me convient pas, je l’ajuste ensuite en postproduction, grâce au RAW.

Quel mode choisir ? Mode Manuel ? Semi-automatique ?
Cela dépend beaucoup des habitudes de chacun. Il m’arrive de travailler en mode manuel (très très très souvent d'ailleurs), mais dans pas mal de situation, le mode priorité à l’ouverture peut largement faire l'affaire (Av chez Canon, A chez Nikon). Ce mode permet de contrôler la profondeur de champ, notamment avec des objectifs lumineux ouvrant à f/2.8 par exemple, parfaits pour détacher le sujet de l’arrière-plan tout en captant un maximum de lumière. L'appareil lui, géra la vitesse, et les ISO si réglé en automatique.
En fait, si vous maîtrisez parfaitement votre appareil (genre vraiment bien) utilisez le mode manuel… Vous aurez absolument tout contrôle sur ce dernier, c'est bien pour gérer l'ouverture, mais aussi et surtout la vitesse. En mode A-Av, si l'appareil met une vitesse trop basse : flou de bougé et flou de mouvement seront peut-être de la partie. C'est caca, on n'en veut pas ! (sauf si le flou est voulu de manière artistique évidemment)
Une règle de base importante à garder en tête : la vitesse d’obturation ne doit pas être inférieure à la focale équivalente pour éviter le flou de bougé du photographe. Par exemple, si vous utilisez un objectif 28 mm sur un boîtier APS-C avec un facteur de conversion de 1,5, la focale réelle devient 42 mm. Il faut donc éviter de descendre en dessous de 1/42. Autrement dit, adaptez toujours votre vitesse d’obturation en fonction de la focale équivalente pour conserver des images nettes à main levée.
De plus en plus d'appareil sont stabilisé sur 5,5 et parfois même 8 STOPS ! Grâce à quoi on peut déroger à cette règle. J'ai vu des photographes faire des poses longue à main levée avec un Sony A7 RV. Non, ce n'était pas moi 😌.
Si votre appareil est un plein format, pas de conversion. Donc avec un 28 mm, évitez vraiment de descendre en dessous des 1/28 en vitesse. Si ça n'existe pas, prenez la valeur la plus proche, ça va sans dire. Et si votre appareil et objectif sont très bien stabilisés, libres à vous de descendre encore plus si besoin.

Faut-il utiliser un flash ?
Non. Aller bonne journée. 🫡
Plus sérieusement : L’utilisation du flash en concert est strictement interdite, sauf autorisation explicite du groupe ou des organisateurs. Je ne me donne même pas la peine d’emporter un flash cobra lors des concerts. D’un point de vue esthétique également, très peu de photos de scène prises au flash m’ont convaincu (après je ne prétend pas avoir tout vu 🤗). En coulisses ou en backstage, pourquoi pas. Mais sur scène, cela a tendance à casser l’ambiance lumineuse créée pour le spectacle.
C’est un avis personnel – partagé par de nombreux photographes, professionnels ou non. Mais même si vous savez utiliser un flash de manière créative, je vous le déconseille fortement dans ce contexte.
Respecter l’ambiance du concert, le travail des éclairagistes et le confort des artistes reste prioritaire.
La composition
Là vraiment, je ne sais pas bien quoi dire… C'est assez compliqué de parler de composition pendant de tels événements. Je trouve qu'appliquer la règle des tiers n'est pas forcément très pertinent…

Fiez-vous à votre instinct et adaptez vous à la situation. Observez attentivement votre position dans la salle : pouvez-vous vous déplacer librement ? Quel est le champ de vision disponible ? Prenez le temps de repérer les lieux avant le début du concert.
Laissez votre ressenti guider vos décisions.
Ce qu’il y a de passionnant avec la photographie de concert, c’est cette forme de liberté créative qu’elle offre. Peu de contraintes de cadrage figé : vous êtes libre d’interpréter l’énergie de la scène à votre manière. N'hésitez pas aussi à utiliser le mode rafale de votre appareil. Plus de photos, c'est souvent = à possiblement plus de "bonnes photos."
En photographie de portrait (l'artiste sur scène par exemple) pensez à faire la mise au point sur l'œil, ou au moins sur le visage selon votre éloignement.
Aussi, n'hésitez pas à capturer l'ambiance de la salle, de la scène et du lieu
en général : les jeux de lumières, les artistes avec leurs instruments, mais aussi les personnes dans la foule. Ça peut donner des photos très intéressantes et peut compléter les photos plus traditionnelles que vous allez faire pendant l'événement.



Parlons un peu matériel : appareil photo et objectifs pour le concert
Au niveau de l'appareil photo, j'ai envie de dire, utilisez ce que vous avez. Vu que les conditions de lumière sont assez compliquées, un appareil photo récent et de bonne gamme fera de meilleures photos (s'il est bien utilisé bien sûr).
Si vous utilisez un "hybride" très bien, attention cependant avec le mode silencieux de ce genre d'appareil qui utilise non pas l'obturateur mécanique, mais l'obturateur électronique. Pour les reflex, je ne sais pas s'il y a ce problème ?
Mais selon le capteur de votre appareil sans miroir, le mode silencieux peut causer des problèmes sur vos prises de vues, notamment du "banding".
L’obturateur électronique a beaucoup d’avantages (silence, rapidité, absence d’usure mécanique), mais il présente aussi plusieurs inconvénients importants, surtout en photo d’action ou dans certaines conditions de lumière (notamment photo de concert).
Voici les principaux désavantages :
Rolling Shutter :
C’est un des plus gros inconvénients.
Sur encore beaucoup d'appareils, l’image n’est pas capturée en une seule fois (ça dépend du type de capteur en fait, passons !), mais ligne par ligne. Si le sujet ou la caméra bouge rapidement, cela crée des distorsions : lignes penchées, objets déformés (ex : une guitare courbée en concert ou une raquette de tennis "pliée, tordu" en sport).
Banding / Stries lumineuses :
Sous des lumières artificielles (néons, LED, écrans), l’obturateur électronique peut créer des bandes horizontales sombres ou claires à cause du déphasage entre la fréquence de la lumière et la lecture du capteur lors de la prise de vue.
Ce problème est courant en intérieur, en concert ou sur des plateaux vidéo mal éclairés.
Résultat : photo partiellement éclairée, qui présente des bandes disgracieuses sur l'image finale… Et puis c'est très moche à regarder faut le dire.
Réduction de la dynamique et du rendu dans certains cas
Sur certains boîtiers, l’obturateur électronique peut réduire légèrement la plage dynamique ou modifier le rendu des hautes lumières, notamment à cause du mode de lecture du capteur.
Pas toujours disponible dans tous les modes
Certains boîtiers limitent les fonctions disponibles en obturateur électronique : rafale, HDR, bracketing, etc.
Bon vous voyez, l'obturateur électronique n'est pas incroyable dans ce genre de pratique. Avec 250 décibels pendant le concert, vous allez gêner qui de toute manière ? Ce sera obturateur mécanique donc 😌.
Parlons rapidement des objectifs :
Je vous recommande les équivalents 16-35 mm et 70-200 mm en équivalent plein format. Avec ça, vous serez en mesure de capturer l'ambiance du concert et de faire quelques portraits. Avec le 70-200, vous pourrez même vous éloigner pour prendre des photos de plus loin, et avec une perspective intéressante qu'offrent les longues focales.
Si vous avez un équivalent 24-70 f/2.8, c'est très bien aussi.
Si vous êtes plus focale fixe, je vous recommande des 35, 50 mm très lumineux. Genre f/1.4 ou f/1.8, ce sera top et utile en basse lumière.
Quelques conseils et astuces supplémentaires
Ces conseils restent assez "basiques", mais ils vous seront très utiles si vous envisagez de vous investir sérieusement dans la photographie de concerts, festivals, etc. Gardez toujours en tête que le monde de la musique est particulièrement restreint et qu’il peut être difficile d’y trouver sa place. Beaucoup de photographes essaient, peu parviennent réellement à s’y faire une place.
Ne vous attendez pas à en vivre
La photographie de concert est avant tout une passion. En faire son métier est extrêmement rare (pas impossible mais rare). La majorité des photographes de scène le pratiquent en complément de leur activité principale. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas vous démarquer, mais misez d’abord sur la création d’un bon portfolio. Il est essentiel pour montrer votre travail et commencer à vous faire connaître.
Commencez petit
Entraînez-vous sur de petits concerts locaux, dans des salles des fêtes, des bars ou des événements associatifs. Prenez contact avec les artistes pour leur proposer vos images. C’est un échange gagnant : ils ont besoin de visuels, et vous, d’expérience. Mais attention : votre travail a de la valeur. Ne tombez pas dans la gratuité systématique. Apprenez à valoriser vos photos.
L’accréditation, sésame indispensable
Pas d’accréditation, pas de photos. Obtenir une autorisation officielle est souvent compliqué, surtout pour des artistes professionnels. Soyez patient, respectueux et persévérant. Et surtout, restez dans la légalité. Si vous recevez une autorisation par mail, pensez à l’imprimer et à l’avoir sur vous le jour du concert. Une erreur d’organisation peut arriver, et avoir une preuve écrite peut tout débloquer.
Le relationnel est clé
Soyez courtois, respectez les règles en salle. Les tourneurs et les équipes techniques parlent entre eux. Si vous vous comportez de manière professionnelle, vous serez bien plus facilement recontacté pour d’autres projets. Certains tourneurs gèrent plusieurs groupes, donc un bon contact aujourd’hui peut ouvrir une porte demain.
Vous n’avez que trois chansons
Dans la majorité des cas, l’accréditation vous donne droit à photographier uniquement les trois premières chansons, et sans flash. Cela peut sembler injuste, surtout quand on voit le public filmer tout le concert au smartphone, mais c’est la règle. À vous d’en tirer le meilleur parti avec un accès limité à la scène. Pour tout vous dire, je trouve ça un peu "débile", mais c'est ce que pas mal de photographes de concert m'ont dit.
Une opportunité peut tout changer
Si un groupe apprécie vos photos, il n'est pas impossible qu'il vous recontacte et que cela débouche sur de plus grosses opportunités. Soyez à l’écoute, patient et sérieux dans votre approche. On a déjà vu le cas où des photographes commencent en bas de l'échelle, et finissent par faire toutes les photos d'une tournée, d'un album, etc.
Préparez-vous en amont
Intéressez-vous à la musique du groupe avant le concert. Connaître leur style et leurs morceaux vous aidera à anticiper les moments clés : un solo de guitare, un saut, une interaction avec le public…
" Découvre les presets Lightroom et les Luts FEELFOREST et donne vie à tes images
en développement ! "
Conclusion
La photographie de concert est un véritable défi, mais aussi une aventure passionnante mêlant technique, réactivité et créativité. En maîtrisant la lumière, en anticipant les moments forts et en respectant l’ambiance du live, vous pourrez capturer l’énergie unique de chaque performance.
N’oubliez pas : chaque concert est différent, alors amusez-vous, expérimentez… et laissez la musique guider vos images ! 🤗
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