Comprendre et maîtriser la plage dynamique en photographie
- Quentin
- il y a 50 minutes
- 7 min de lecture
J'en ai parlé pas mal de fois dans divers articles de ce blog, mais qu'est-ce que c'est réellement la gamme / plage dynamique ? Pourquoi c'est si important, et comment la maîtriser en photographie ?
C'est ce que nous allons voir en détail dans cet article.
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La Plage Dynamique en Photographie : savoir la comprendre et la maîtriser
Vous connaissez cette situation ? Vous êtes face à un coucher de soleil spectaculaire. Le ciel est flamboyant de couleurs, tandis que le paysage au premier plan est plongé dans une douce pénombre. Pour vos yeux, la scène est parfaite. Vous prenez une photo et là… c'est la déception. Soit le ciel est complètement blanc, "brûlé", sans aucun détail, soit le paysage est devenu une masse noire, "bouchée", sans la moindre texture.
Cette frustration, que tout photographe a connue, porte un nom : le défi de la plage dynamique.
Comprendre ce concept n'est pas seulement un détail technique, c'est la clé qui vous permettra de capturer le monde tel que vous le voyez réellement.
À noter : la photo juste au-dessus, est très bien ! Ça ne sert pas toujours de forcer la dynamique pour avoir toutes les informations dans l'image (notamment en post-traitement). Avec cet exemple, ça nous donne une photo bien contrastée et bien équilibrée, cela donne aussi un côté "ombre chinoise" avec les arbres noirs en premier plan. Traduction, pour garder une touche artistique, inutile d'éclaircir toutes les ombres.
1. Qu'est-ce que la Plage Dynamique ?
En traitement du signal, notamment en électronique, la dynamique désigne l’amplitude relative des variations d’un phénomène. Concrètement, il s’agit du rapport entre la valeur maximale d’une grandeur (souvent liée au seuil de saturation d’un dispositif pour un signal électrique) et sa valeur minimale, correspondant à la limite de résolution de la source.
Comme elle exprime un rapport entre deux valeurs de même nature, la dynamique n’a pas d’unité propre. On la mesure toutefois en décibels (dB) lorsqu’il s’agit de dynamique sonore, ou en diaphragmes, stop, IL… (indice de luminance) dans le domaine de la photographie.
En termes simples : la plage dynamique d'un appareil photo est sa capacité à voir et à enregistrer des détails à la fois dans les zones très sombres (les ombres) et les zones très lumineuses (les hautes lumières) d'une même scène.
Sur la première image, c'est exagéré en post-traitement pour que vous puissiez bien comprendre : les noirs dans certaines parties de l'image sont "bouchés", il n'y a pas d'information.
Et les hautes lumières (cascade et ciel en haut de l'image) sont totalement cramées. Là pareil, l'appareil n'a pas capturé d'information.
Sur la deuxième image, c'est la vraie photo que j'avais prise, avec une bonne dynamique. L'image se rapproche un petit peu plus de ce que "je voyais en réalité".
Imaginez que le capteur de votre appareil photo est un seau. La pluie qui tombe est la lumière.
La plage dynamique (ou gamme dynamique) est simplement la capacité de ce seau à enregistrer à la fois les plus fines gouttelettes de pluie (les ombres les plus sombres) et une averse torrentielle (les lumières les plus vives) avant de déborder.
Si le seau est trop petit, une forte averse (une lumière vive) le fera déborder immédiatement. L'eau perdue, c'est l'information perdue dans les hautes lumières. C'est votre ciel qui devient tout blanc.
Si les capteurs du seau ne sont pas assez sensibles, ils ne détecteront pas les quelques gouttes qui tombent. C'est l'information perdue dans les ombres. C'est votre paysage qui devient tout noir.
En photographie, on mesure cette capacité en "stops", diaph ou "EV" (Exposure Value). Chaque "stop" représente un doublement de la quantité de lumière. L'œil humain est une merveille capable de percevoir une plage dynamique immense (plus de 20 stops). Un bon appareil photo moderne en capture entre 12 et 15. C'est excellent, mais souvent insuffisant pour les scènes à fort contraste, comparé à ce que nous pouvons voir.
2. Pourquoi c'est si important pour vos Photos ?
Maîtriser la plage dynamique a un impact direct sur la qualité et le potentiel de vos images.
Pour plus de réalisme : Une bonne gestion de la plage dynamique permet de produire des images qui se rapprochent de la vision humaine, avec des détails riches à la fois dans les zones claires et sombres.
Pour une plus grande flexibilité en post-production : C'est le point le plus crucial. Un fichier image qui a capturé une large plage dynamique contient énormément d'informations "latentes". En post-production, vous pourrez récupérer des détails dans les ombres ou "sauver" des hautes lumières qui semblaient un peu trop vives. Un fichier avec une faible plage dynamique n'a plus cette information ; elle est perdue à jamais.
Pour éviter l'écrêtage (Clipping) : L'écrêtage est le terme technique pour désigner les zones de votre photo qui sont devenues noir pur ou blanc pur. En regardant l'histogramme de votre photo, ce sont les pics qui sont "collés" aux bords gauche (noirs bouchés) ou droit (blancs brûlés). Le but est de capturer un histogramme qui respire, sans toucher les bords.
3. Comment gérer les scènes difficiles sur le terrain ?
Heureusement, il existe plusieurs techniques pour dompter les scènes à fort contraste.
Technique n°1 : Photographier en RAW
Si vous ne deviez retenir qu'un seul conseil, ce serait celui-ci. Le format JPEG est un fichier compressé et traité par l'appareil. Il "jette" une énorme quantité d'informations de lumière pour produire un fichier plus léger et compatible. Le format RAW, au contraire, est le fichier brut du capteur. Il conserve toute l'information de sa plage dynamique capturée, vous offrant une latitude maximale en post-production. Et par conséquent, une meilleure plage dynamique.
Technique n°2 : Exposer pour les Hautes Lumières
C'est une règle de base en photographie de paysage. Il est presque toujours plus facile de déboucher des ombres en post-production que de récupérer des hautes lumières brûlées. Une fois qu'une zone est devenue blanche, l'information est partie. En pratique : Visez la zone la plus lumineuse de votre scène (le ciel, par exemple) et baissez l'exposition jusqu'à ce que vous y voyiez à nouveau les détails, même si le reste de votre scène paraît très sombre. Le RAW vous permettra de remonter les ombres plus tard.
Alors ça c'est la première méthode, cela risque d'introduire du bruit numérique dans ces zones. C'est de plus en plus facile à corriger en post-traitement, notamment avec l'arrivée de l'intelligence artificielle. Alors, pourquoi pas.
Une autre méthode bien connue est celle de " l'exposition à droite. "
C'est une excellente astuce que je pratique plus en ce moment, je vous invite à vous pencher sur l'article que j'ai écrit pour en savoir plus. Ça pourrait vous servir. 🤗
Technique n°3 : Utiliser un Filtre Gradué à Densité Neutre (GND)
C'est la solution "physique". Un filtre GND est une plaque de verre qui est foncée sur sa moitié supérieure et totalement transparente sur sa moitié inférieure. En le plaçant devant votre objectif, vous assombrissez uniquement la partie la plus claire de votre scène (le ciel), ce qui permet d'équilibrer l'exposition globale en une seule prise de vue.
C'est assez contraignant à utiliser, ça prend un peu de place dans le sac, il faut un porte filtre tout ça… Pareil, lisez cet article pour en apprendre plus sur les filtres. 😉
Technique n°4 : Le Bracketing d'Exposition et le HDR
C'est la technique numérique la plus puissante. Le bracketing consiste à prendre plusieurs photos identiques de la même scène (sur trépied !) avec des expositions différentes :
Une photo sous-exposée (pour capturer tous les détails du ciel).
Une photo exposée normalement (pour les tons moyens).
Une photo surexposée (pour capturer tous les détails des ombres).
Ensuite, en post-production, vous fusionnez ces trois images à l'aide d'un logiciel (Lightroom, Photoshop, etc.) pour créer une seule image HDR (High Dynamic Range). Cette image finale combine le meilleur de chaque exposition, résultant en une plage dynamique étendue bien au-delà des capacités de votre capteur.
4. Le Travail en Post-Production
Si vous avez suivi les conseils sur le terrain, la post-production devient un plaisir. Dans un logiciel comme Lightroom :
Pour un fichier RAW : Utilisez les curseurs Hautes Lumières (baissez-les pour récupérer le ciel) et Ombres (montez-les pour révéler les détails du premier plan). Les curseurs Blanc" et Noirs vous aideront à redonner du contraste.
Pour des fichiers bracketés (photo en HDR) : Utilisez la fonction "Fusion HDR". Le logiciel alignera et fusionnera automatiquement vos images. L'astuce est de viser un rendu naturel, pas "l'effet HDR" surréaliste et trop accentué qui était populaire il y a quelques années. Que je trouve absolument affreux au passage 😅, mais c'est souvent le rendu qu'on obtient en poussant trop fort la retouche.
Conclusion
Ne soyez plus frustré par les ciels blancs ou les avant-plans obscurs. La plage dynamique n'est pas un ennemi, mais simplement une caractéristique de la photographie numérique à comprendre et à maîtriser.
En adoptant le réflexe du format RAW, en apprenant à exposer pour protéger vos hautes lumières et en explorant des techniques comme le bracketing, vous débloquerez un nouveau niveau de qualité dans vos photos. Vous serez enfin capable de capturer la beauté des scènes complexes, exactement comme vos yeux les ont vues (ou presque, hein, faut pas pousser 😏).
Alors, la prochaine fois que vous ferez face à un coucher de soleil, vous saurez exactement quoi faire !
J'espère que cet article vous aura plu et surtout aidé à mieux comprendre la plage dynamique !
Partagez l'article, ça fait toujours plaisir. 😉
Surtout, si vous avez des questions, des remarques, n'hésitez pas !
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